Sénégal: les violences faites aux femmes et aux filles, l’un des problèmes sociaux majeurs (ONU/Femmes)

Posté dans : Afrique, Senegal

Dakar, Sénégal (PANA) – Les violences contre les femmes et les filles est l’un des problèmes sociaux les plus préoccupants au Sénégal, a révélé un rapport de ONU/Femmes sorti à l’occasion de la célébration du vingtième anniversaire de la quatrième Conférence Mondiale des Femmes de Beijing en Chine (Beijing +20).

Le document, qui prend en compte plusieurs aspects de la question, indique qu’en 2011, 26% des femmes dont l’âge est compris entre 15 et 45 ans ont déjà subi une mutilation génitale féminine. 70% de ces personnes ont déclaré avoir été mutilées avant l’âge de cinq ans.

Le rapport précise que ces données cachent des disparités importantes entre les zones rurales et urbaines. « Dans certaines zones rurales du Sud, du Nord et de l’Est (Kédougou, Kolda, Matam et Tambacounda), les taux dépassent les 90% », lit-on.

Le rapport Beijing +20 de l’organisation onusienne chargée de défendre les droits des femmes nous renseigne que 16% des femmes sénégalaises âgées de 25 à 49 ans ont déclaré avoir été mariées de force. Le document souligne que ce fait est observé « malgré le Code de la Famille de 1973 qui définit l’âge légal minimum du mariage à 16 ans ».

Le bilan du Sénégal dans l’atteinte des objectifs de la Conférence de Beijing, révèle aussi la persistance des violences domestiques commises sur les femmes. « Une étude menée par la banque mondiale en 2006 a montré que 60% des femmes sénégalaises se disent victimes de violences conjugales », informe le rapport.

Le document d’ONU/Femmes rapporte d’après une enquête du Comité de Lutte contre les Violences Faites aux Femmes et aux Enfants (Clvf) au Sénégal, que 65% des incidents signalés de violence due au genre s’est déroulée dans un contexte familial. « On estime également que la violence sexuelle telle que le viol, l’agression, l’inceste, la pédophilie, le harcèlement sexuel et l’exploitation sexuelle constituent 58% de ces faits signalés », ajoute l’étude.

Concernant le contexte légal en place pour condamner les violences sexuelles, le rapport de ONU/Femmes fait remarquer que malgré l’existence d’un cadre législatif, les lois sont très peu appliquées. « Le Code pénal a été réformé en 1999 afin d’y intégrer les mesures qui punissent la violence à l’égard des femmes et des filles, mais n’a mené qu’à un nombre négligeable de condamnations et de jugements », note le document.

On retient aussi que les cas de violences basés sur le Genre, qui sont portés à la connaissance des autorités, ne reflètent pas la réalité à cause de la stigmatisation et le tabou qui entourent la violence sexuelle, ce qui empêche les victimes de dénoncer les faits.

Le document annonce aussi que cette situation est renforcée par le fait que la plupart des femmes ne sont pas informées des textes légaux qui les protègent. ONU/Femmes mentionne aussi qu’il y a un contexte social qui favorise l’acceptation de la violence qu’un mari ou les membres de la famille perpètrent sur la femme. « Par exemple, 71% des femmes des zones rurales et 50% des femmes qui vivent dans les zones urbaines pensent qu’il est légitime pour un mari de battre sa femme, si elle a négligé ses devoirs d’épouse ».

Le rapport Beijing +20 sur le Sénégal salue toutefois la baisse de la pratique de l’excision dans le pays. «Les mutilations génitales féminines (Mgf) sont passées de 28% en 2001 à 26% en 2005 avec plus de 5.500 déclarations d’abandon de la pratique ».

L’organisation onusienne a également souligné la possibilité pour les victimes de bénéficier d’une chirurgie réparatrice des Mgf. En 2012, le ministère sénégalais de la Santé, en partenariat avec ONU/Femmes et d’autres partenaires, a formé et envoyé dans quelques régions du pays, sept chirurgiens bien outillés pour ces interventions chirurgicales.

Le rapport Sénégal de Beijing +20 a été rendu public dans le cadre de l’édition 2015 de la Journée Internationale de la Femme. En 1995, lors de la quatrième Conférence Mondiale des Femmes à Beijing en Chine, 189 pays et 4.000 organisations de la société civiles se sont engagés pour promouvoir l’égalité des sexes.

 

Related Images: