La CENI met en garde contre la publication de “résultats fantaisistes” des légisaltives en Guinée

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PANA

Conakry, Guinée – La Commission électorale nationale indépendante (CENI) de Guinée, a mis en garde, lundi soir contre toute proclamation “de résultats fantaisistes” en cours dans des états-majors politiques, notamment ceux des ténors des partis d’opposition qui crient à la victoire et à la fraude en même temps, après le scrutin des législatives de samedi dernier.

Dans un communiqué radiodiffusé, la CENI prévient que seule l’institution en charge des élections est habilitée à proclamer les résultats provisoires pour lesquels, elle précise que le délai de trois jours, prévu par la loi pour la publication, ne commence que lorsque tous les procès-verbaux du vote sont acheminés à son siège.

La date de mercredi, prévue par la loi, souligne le communiqué, ne peut être respectée à cause du retard dans l’acheminement des procès-verbaux (PV), dont aucun n’était encore arrivé lundi à la commission de centralisation du vote.

En dépit de cela, les leaders de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), Cellou Dalein Diallo, du Parti de l’espoir et du développement national (PEDN), Lansana Kouyaté, et de l’Union des forces républicaines (UFR), Sidya Touré, tous anciens Premiers ministres, annoncent avoir gagné dans les cinq communes de Conakry et dénoncent au même moment “des tripatouillages et des fraudes à grande échelle” que leurs partis respectifs n’accepteront pas.

Les Nations unies ont offert deux hélicoptères, venus de la Cote d’Ivoire et du Liberia voisins, pour aider à acheminer rapidement sur Conakry les PV des votes, en raison de l’éloignement de certaines localités et de l’état défectueux des routes nationales du pays.

Les observateurs de l’Union européenne (UE), près d’une centaine, dirigés par Christian Préda, ont salué la mobilisation et le calme observé par les électeurs avant de dénoncer “les nombreux dysfonctionnements” non résolus, selon eux, en dépit du report de quatre jours des élections qui devaient permettre à la CENI de corriger les erreurs.

Les doublons existaient sur les listes électorales qui n’ont pas été apurées, des électeurs munis de récépissés n’ont pas pu voter, le matériel électoral était absent à des endroits, selon l’UE qui exhorte en conséquence la CENI à publier les PV sur Internet.

En revanche, le chef de la délégation de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), le diplomate congolais Henry Lopez, a reconnu que lui et ses collègues ont observé des manquements, notamment l’absence du matériel électoral et les retards à l’ouverture de bureaux à certains endroits, mais qui ne peuvent en aucun remettre en cause la sincérité du scrutin.

Pour leur part, le président de la délégation des observateurs de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), l’ancien Premier ministre togolais, Edem Kodjo, et celui de l’Union africaine (UA), le Nigérien Mahamadou Danda, ont assuré que les anomalies constatées çà et là ne peuvent remettre en cause la sincérité du scrutin et appellent les acteurs politiques à recourir à la loi pour les éventuelles réclamations.

Environ 80 pour cent des 5.094.644 électeurs guinéens inscrits ont voté sur toute l’étendue du territoire national et dans 18 ambassades et consulats, selon la CENI.

Les législatives, qui devaient être organisées en juin 2011, six mois après l’élection présidentielle, n’ont pu se tenir à cause de nombreuses divergences entre le pouvoir et plusieurs partis d’opposition sur certains points du processus électoral.

Les marches pacifiques organisées par les partis de l’opposition avaient plutôt débouché sur des actes de violence ayant provoqué des dizaines de morts, des centaines de blessés, des destructions massives de biens publics et privés et entraîné à maintes reprises le report de la date de ces élections.

Il a fallu mettre en place un Collège de facilitateurs, composé de Aboubacar Somparé, désigné par la mouvance présidentielle, et de Salifou Sylla, représentant l’opposition, sous la direction de Said Djinnit, Représentant du Secrétaire général des Nations unies pour l’Afrique de l’Ouest, pour renouer le dialogue interrompu entre le pouvoir et l’opposition en Guinée.

Les dernières élections législatives, organisées en 2002, sous le régime du défunt président Lansana Conté, avaient été boycottées par la majorité des partis d’opposition qui dénonçaient une “absence de transparence”.



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