La Tunisie célèbre “la fête de la femme” dans la division

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Tunis, Tunisie – Illustration du paysage politico-social qui caractérise la Tunisie depuis l’accès au pouvoir des islamistes, le pays célèbre mardi “la Journée nationale de la femme” en rangs divisés, dans un contexte de crise politique engendrée par les assassinats d’opposants et de recrudescence de la violence et du terrorisme.

Deux manifestations sont prévues dans deux lieux distincts. La première doit rassembler dans l’après-midi les femmes islamistes proches du mouvement “Ennahdha”, sur l’avenue Bourguiba, principale artère de la capitale, avec pour thème: “Les femmes de Tunisie, piliers de la transition démocratique et de l’unité nationale”.

Selon le dirigeant d’Ennahdha, Riadh Chahaibi, elle sera l’occasion pour les partisans du mouvement islamiste de proclamer leur soutien à “la légitimité” du régime en place de plus en plus contesté depuis le meurtre du député-opposant Mohamed Brahmi, le deuxième assassinat politique en l’espace de six mois, après celui de l’opposant Chokri Belaïd.

Dans la soirée, une autre manifestation rassemblera les Tunisiennes appartenant au courant moderniste qui ne cessent d’exprimer leur inquiétude quant à la remise en cause des droits acquis dès l’aube de l’indépendance de la Tunisie en 1956 grâce au Code du statut personnel (CSP).

Première mesure prise par le premier président de la Tunisie indépendante, Habib Bourguiba, le CSP a octroyé à la femme tunisienne un statut sans égal dans le monde arabo-musulman et favorisé son émancipation.

ll lui reconnaît des droits civiques de vote et d’éligibilité, instaure le consentement obligatoire de la femme au mariage et fixe un âge minimum pour le mariage (18 ans), abolit la répudiation et remplacement par une procédure de divorce judiciaire. Il interdit la polygamie et légalise la contraception et l’avortement.

Organisée par un collectif d’associations et de représentants de la Société civile et soutenue par le puissant syndicat, l’UGTT, la manifestation est placée sous le thème de “La défense des droits de la femme et de la dénonciation de la violence et du terrorisme”.

Elle partira de la place Bab Saâdoun à Tunis vers la place du Bardo sur un itinéraire de quelque deux kilomètres. Elle rejoindra dans cet espace situé face au bâtiment qui abrite l’Assemblée nationale constituante (ANC), les participants au sit-in d’une soixantaine de députés qui réclament depuis plus de deux semaines la dissolution de cette institution et la démission du gouvernement qu’ils accusent d’incapacité à redresser la situation sécuritaire et socio-économique dans le pays.

Les leaders du “Front du Salut” constitué par plusieurs partis d’opposition au lendemain de l’assassinat du député Mohamed Brahmi, prévoient d’annoncer “des décisions importantes” à cette occasion.

Radhia Amdouni, membre de l’association “Hrayer Tounès” (Femmes libres de Tunisie), juge qu’Ennahdha “a failli à ses responsabilités”, estimant que “ses projets et visions sont en totale contradiction avec les acquis de la société tunisienne”.

“Il est impossible d’évoquer et de discuter des droits de la femme, si la démocratie n’est pas acquise”, lance, pour sa part, Dr Ahlem Belhadj, présidente de l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD).

Les artistes peintres, sculpteurs et caricaturistes ont annoncé dans un communiqué qu’ils seront de la partie pour “défendre nos couleurs”.

Ennahdha a gagné les premières élections organisées en Tunisie après la chute du régime dictatorial de l’ancien président Zine El Abidine Ben Ali en janvier 2013.

Mais depuis son accession au pouvoir, ses détracteurs dénoncent sa “gestion défectueuse” des affaires du pays. Elle est surtout accusée d’avoir favorisé l’émergence de courants religieux extrémistes à l’origine de nombreux actes de violence.

Source: Pana – Photo: communisme ouvrier

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