La nomination d’un banquier à la tête du bureau en charge de la lutte contre la corruption dénoncée

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Blantyre, Malawi (PANA) – Même si la constitution du Malawi ne stipule pas que seuls les juristes ou praticiens du droit doivent diriger le bureau en charge de la lutte contre la corruption, avoir cependant quelqu’un qui connaît le droit ou qui le pratique serait une très bonne chose pour impulser une vraie dynamique à cet organe, selon le défenseur de droit malawite de haut rang, en l’occurence, M. Justin Dzonzi.

M. Dzonzi, directeur exécutif de Justice link, un organe en charge de la défense des droits de l’homme au Malawi, réagissait par ces propos à la récente nomination du directeur général de la banque d’affaires (Fmb), M. Lucas Kondowe, par le Président Peter Mutharika pour diriger le bureau en charge de la lutte contre la corruption (Acb) en remplacement du juge Rezine Mzikamanda.

D’après la constitution du pays et les lois régissant le fonctionnement du bureau en charge de la lutte contre la corruption, personne ne peut critiquer la nomination d’un banquier à la tête de ce bureau, mais d’après M. Dzonzi, “le fait de ne pas être un juriste va pousser le nouveau directeur à dépendre en grande partie de ses conseillers. Et ceci pourrait affecter l’indépendance de certaines prises de décisions cruciales”.

Le directeur executif de Justice Link a cependant reconnu que ce n’est pas la première fois qu’un non-juriste préside le bureau en charge de la lutte contre la corruption au Malawi, rappelant au passage que c’est un comptable de formation en la personne de Gilton Chiwaula, qui a été le premier directeur général du bureau en charge de la lutte contre la corruption au Malawi (Acb). Il a ainsi regretté le fait que des leçons n’aient pas été tirées de cette nomination pour adopter de meilleures pratiques plus appropriées et correspondant à la situation actuelle du pays.

M. Mutharika, dès son retour de l’Assemblée Générale des Nations Unies, avait dévoilé que le nouveau directeur général du bureau en charge de la lutte contre la corruption devrait être un as des finances, car pour combattre la corruption, il faut bien connaître les rouages et le fonctionnement de la finance au niveau mondial.

M. Dzonzi, patron de l’organe en charge de la défense des droits de l’homme, Justice Link, a critiqué fermement le gouvernement de Mutharika pour avoir changé l’appellation donnée au patron du bureau de la lutte contre la corruption qui porte dorénavant le rang de directeur général au lieu de directeur, et ceci sans faire un amendement à la constitution.

“Nous parlons des rangs du Directeur général et de son adjoint cités et mentionnés par les dispositions de la loi et qui par conséquent, font partie intégrante de la loi,” a-t-il déclaré avant d’ajouter que s’ils voulaient changer les titres de directeur ou directeur-adjoint, ils auraient dû changer la loi d’abord.

Cette anomalie au niveau de la loi est décrite par M. Dzonzi comme étant une chose “nominale et administrative” qui peut être régularisée facilement.

À signaler que cette nomination de M. Kondowe à la tête du bureau en charge de la lutte contre la corruption(Acb) intervient en pleine désaffection parmi les populations dans le pays qui pensent que cet organe est comparable à un bulldog édenté dont se servent les politiciens pour liquider leurs adversaires politiques.

Photo: UN

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