Les réformes économiques du président ghanéen, « une pilule amère » pour de meilleurs lendemains

Posté dans : Afrique, Ghana

Président John Dramani Mahama

Accra, Ghana (PANA) – Pour trouver une bouée de sauvetage à l’économie ghanéenne en difficulté, le gouvernement du président John Dramani Mahama, installé il y a juste un an, a mis en place des mesures de gestion financière, estimant qu’elles devraient améliorer les conditions de l’économie.

«Ces décisions ont été difficiles à prendre, mais elles vont assurer la reprise économique avec des résultants probants », a déclaré le Président Mahama, jeudi, aux journalistes à Accra, la capitale ghanéenne.

La baisse du cours de la monnaie locale, le CEDI, annoncée la semaine dernière par la Banque centrale, a expliqué le président Mahama est « une pilule amère qui doit être avalée dans l’espoir qu’elle va, à terme, profiter à l’économie de manière globale ».

Outre la pression sur la revalorisation des salaires, le ministère des finances consacrant au secteur public quelque 70% de ses recettes, M. Mahama a fait remarquer que l’inflation en 2014 représente 13,8% pour une période de 3 ans.

Le retrait des subventions sur les produits pétroliers et dérivés a entraîné une hausse du prix de l’essence, de l’électricité, de l’eau, des taxes, tandis que le coût du taux de change du CEDI a, quant à elle, conduit à une flambée des prix des biens et services.

Soulignant que le Ghana n’est pas le seul pays à faire face à des difficultés économiques, le président ghanéen a expliqué que des pays en développement en ont fait l’expérience, notamment la lira de la Turquie qui a chuté de 7,2% face au dollar américain, le peso argentin a baissé de 10,4%, tout comme le rand sud africain qui est réduit à 4,7%.

Selon les statistiques, le CEDI ghanéen a chuté de 18% l’année dernière et la dépréciation se poursuit cette année avec une monnaie qui équivaut actuellement à 2,4 dollars américains, en dépit des lourdes pressions et mesures annoncées la semaine dernière par la Banque centrale.

Ces mesures consistent à « corser » les opérations au niveau des bureaux de change en révisant le mode d’opération des comptes des devises étrangères et le rapatriement de l’argent provenant de l’étranger.

Pour ce faire, toute émission de chèques ou chéquiers en devises étrangères est interdite ; les retraits en liquide des comptes ne seront possibles que pour une destination en dehors du territoire ghanéen et ne doivent pas excéder 1.000.000 dollars américains ou son équivalent par personne pour un voyage.

Ces mesures ont évidemment fait l’objet de vives critiques de la part de certains détenteurs de comptes qui menaçaient de traîner la Banque centrale en justice en vue d’annuler la décision alors que d’autres estiment que ces mesures ne passeront pas.

Déjà, de l’avis des économistes, le gouvernement peut réussir le pari s’il arrive à maîtriser ses dépenses et freiner l’engouement des Ghanéens quant à la monnaie étrangère et aux produits importés.

Dans cette optique, il a invité ses compatriotes, surtout le monde des affaires à faire confiance à la monnaie locale, le CEDI, comme étant la seule façon de la protéger contre la dépréciation.

M. Mahama a fait remarquer aux journalistes que cet engouement que suscitent les monnaies étrangères comme le dollar et la livre sterling, dans les transactions financières au niveau local, ne contribue pas à renforcer l’intégrité et la stabilité de l’économie.

Les observateurs ont constaté que la cotation des prix et services est faite en dollar. A cet effet, la location, les frais scolaires, les tickets d’hôtel, les prix des articles de magasins et autres biens et services sont convertibles en dollar américain.

Le président Mahama a déploré que chaque année, environ 1 milliard de dollars américains est dépensé pour l’importation de sept produits, alors que les ressources existent au niveau local, selon l’agence nationale de la statistique.

Il s’agit du riz, de l’huile végétale, du sucre, des aliments de conservation au frais dont le taux d’exportation a augmenté au point de représenter la moitié de ce que le pays gagne pour le cacao qui est l’essentiel de ses exportations.

Au regard des attaques répétées de l’opposition et des organisations syndicales qui lui reprochent ”la gabegie”, le président a exhorté l’ensemble des Ghanéens, particulièrement le monde des affaires à mettre en œuvre ces mesures qui visent à renforcer la stabilité de la monnaie locale et d’installer un climat de confiance quant à l’économie.

Appelant les opérateurs économiques à mettre fin à l’économie du dollar au sein du système, le président ghanéen les a invité à l’application de ces nouvelles mesures entreprises par la Banque centrale du Ghana, car la protection de la monnaie locale incombe à tous.

A cet effet, le gouvernement envisage de réduire sa dépendance par apport aux monnaies étrangères par des mesures d’accompagnement pour booster la production locale afin de diminuer le taux élevé des produits importés, que l’on peut trouver au niveau local.

Il entend travailler également à réexaminer le protocole d’accord sur la stabilisation avec les sociétés qui produisent l’huile, pour que la loi puisse statuer sur les produits devant être importés et destinés aux projets publics et dont les substituts existent au niveau local.

“Il faut changer les paradigmes pour évoluer ”, a prévenu le Président Mahama, ajoutant que la surdépendance est à bannir.

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Photo: UN

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