Les richesses qui sortent de l’Afrique, le continent le plus pauvre du monde, sont plus importantes que celles qui y entrent, selon une nouvelle recherche sur les flux financiers totaux vers et hors d’Afrique.
L’étude menée par une coalition de militants de l’égalité et du développement africains au Royaume-Uni et en Afrique, publiée mercredi, a affirmé que le reste du monde profite plus que la plupart des citoyens africains de la richesse du continent.
Il a constaté que les pays africains ont reçu des ressources de 161,6 milliards de dollars américains, tels que des prêts, des transferts de fonds et des aides chaque année, mais ont perdu 203 milliards de dollars américains à cause des facteurs tels que l’évasion fiscale, les paiements de dettes et l’extraction de ressources, créant ainsi un déficit financier net annuel de plus de 40 milliards de dollars américains.
« Le continent africain est riche, mais le reste du monde bénéficie de ses richesses grâce à des paiements de dettes injustes, à des bénéfices d’entreprises multinationales et à l’évasion fiscale et à la corruption », a déclaré Tim Jones, économiste de la Jubilee Debt Campaign.
Il a noté que les facteurs clés contribuant à cette inégalité incluent le paiement de dettes injustes et les sociétés multinationales qui dissimulent les profits grâce à la fraude fiscale et à la corruption.
« Le message clé que nous voulons transmettre est qu’il sort plus d’argent de l’Afrique qu’il n’en entre, et si nous voulons lutter contre la pauvreté et l’inégalité des revenus, nous devons aider à le récupérer », a déclaré Jones.
Le rapport « Comptes honnêtes 2017: Comment le monde profite de la richesse de l’Afrique » a été publié par une coalition d’organisations britanniques et africaines, dont Global Justice Now, Health Poverty Action et Jubilee Debt Campaign. Il a établi une série de recommandations sur la façon dont le système d’extraction de richesses en provenance d’Afrique pourrait être démantelé.
Ces recommandations incluent la promotion de politiques économiques qui conduisent à un développement équitable, empêchant les sociétés ayant des filiales basées dans des paradis fiscaux d’opérer dans des pays africains et transformant l’aide en un processus qui profite véritablement à l’Afrique.
Selon Bernard Adaba, analyste politique de l’ISODEC au Ghana: «le développement’ est une cause perdue en Afrique, puisque l’Afrique est victime d’une hémorragie de milliards chaque année dans les industries extractives, les paradis fiscaux occidentaux et l’exploitation forestière illégale et la pêche. »
Il a déclaré que des changements structurels sérieux doivent être faits pour promouvoir des politiques économiques qui permettent aux pays africains de mieux répondre aux besoins de leur populations plutôt que d’être simplement des vaches à lait pour les entreprises et les gouvernements occidentaux.
Le récit qui prévaut actuellement, où les gouvernements des pays riches prétendent que leur aide étrangère aide l’Afrique, est « erroné et est une distraction », ont déclaré les militants.
« Il y a un récit très puissant dans les sociétés occidentales affirmant que l’Afrique est pauvre et qu’elle a besoin de notre aide », a déclaré Aisha Dodwell, militante de Global Justice Now. « Cette recherche montre que ce dont les pays africains ont vraiment besoin, c’est que le reste du monde arrête de les piller systématiquement. Bien que la forme du pillage colonial ait changé avec le temps, sa nature fondamentale reste inchangée. «
Le rapport souligne que l’Afrique a des richesses considérables. La richesse minérale potentielle de l’Afrique du Sud est estimée à environ 2,5 billions de dollars, tandis que les réserves minérales de la République Démocratique du Congo sont évaluées à 24 billions de dollars.
Cependant, les ressources naturelles du continent sont détenues et exploitées par des sociétés étrangères et privées, selon le rapport.
« Pour mettre fin à la pauvreté, nous devons concentrer nos efforts sur la prévention des politiques et des pratiques qui la génèrent », a déclaré Martin Drewry, directeur de Health Poverty Action. « Cela signifie que nous devons arrêter nos paradis fiscaux facilitant le vol de milliards, supprimer les activités illégales et dédommager les pays africains pour l’impact du changement climatique qu’ils n’ont pas causé « .
Source PANA