Une méthode de séchage de poisson qui change la vie au Burundi

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(PANA) – Un projet de la FAO visant à doter les petites communautés de pêcheurs des outils et des connaissances nécessaires pour sécher le poisson sur de simples séchoirs surélevés a changé la vie des communautés vivant sur les rives du Lac Tanganyika au Burundi.

Auparavant, les femmes séchaient toujours leurs petits poissons argentés (ndagala) pêchés dans le lac sur le sable, où ils étaient à la portée des animaux et risquaient d’être piétinés et contaminés. Durant la saison des pluies, de nombreux poissons étaient balayés par les eaux ou commençaient à pourrir.

« Une fois que le poisson s’abîmait et commençait à sentir mauvais, il était impossible de le vendre au marché », explique Gabriel Butoyi, président du port de pêche de Rumonge. Ainsi quelque 15 pour cent des prises étaient perdues ou abîmées durant le séchage.

Il y a dix ans, en collaboration avec le département des Pêches et de l’Aquaculture du Burundi, la FAO a démarré un petit projet dans le village de Mvugo, avec une technique peu onéreuse comportant seulement 48 claies métalliques surélevées à un mètre au-dessus du sol, accompagnées d’une formation et de brochures expliquant comment construire les séchoirs.

Les sécheurs en ont immédiatement saisi les avantages, le temps de séchage étant passé de trois jours à huit heures, ce qui permet de faire sécher plusieurs lots de poisson par jour. Le poisson est hors de portée des animaux et les treillis peuvent aussi être recouverts de bâches en cas de pluie.

« Notre poisson est de bonne qualité, sans gravillons et il est séché dans de bonnes conditions hygiéniques », affirme le propriétaire de claies, Domitien Ndabaneze. « Avec nos produits, les consommateurs ne risquent plus de trouver du sable dans leur poisson ».

La nouvelle s’est vite répandue parmi les communautés de pêcheurs et l’utilisation des séchoirs a explosé le long des rives du lac.

La zone dédiée au séchage près du village de Mvugo est passée d’une acre en 2004 à cinq aujourd’hui et le nombre de sécheurs recensés sur tous les sites officiels de pêche des rives du Lac Tanganyika a grimpé de 500 à plus de 2.000.

La quantité de poissons perdus ou détériorés pour cause de pratiques inadéquates de séchage a diminué de plus de la moitié et avec une meilleure qualité du poisson séché, les prix ont plus que doublé, de 4.000 francs burundais (2,5$/kg) en 2004 à 9.000 (6$/kg) en 2013.

« Je peux m’occuper de mon enfant grâce à mon commerce de poisson », se réjouit Pelousi Ndayisaba, un ancien combattant rebelle reconverti au séchage de poisson. « C’est la seule activité qui me fait vivre ».

La technique de séchage améliorée permet en outre d’alléger la charge quotidienne des sécheurs, essentiellement des femmes qui ne sont plus contraintes à se baisser jusqu’à terre pour étaler et tourner le poisson.

De petites affaires de fourniture de matériel et de construction de séchoirs ont fait leur apparition, contribuant également à améliorer les moyens d’existence des communautés de pêche artisanale et l’économie locale.

Désormais, grâce à la technique de séchage améliorée, le ndagala, riche en protéines, se conserve plus longtemps et peut ainsi être transporté non seulement vers l’intérieur des terres, mais aussi traverser les frontières pour atteindre les marchés régionaux, contribuant à la nutrition des communautés qui vivent loin de toute source de poisson frais.

En même temps, l’offre accrue de poissons présente l’avantage de ne pas augmenter la pression sur les ressources halieutiques, le volume de poissons capturé restant relativement stable.

« Le plus extraordinaire est de voir comment ce minuscule projet a fait boule de neige tout le long des rives du lac », affirme Yvette Diei-Ouadi, spécialiste FAO des industries de la pêche.

« Il est extrêmement rare désormais de voir du poisson sécher sur le sable; même lorsque les sécheurs ne peuvent se permettre des claies métalliques, ils improviseront des systèmes avec des morceaux de bois et des filets de pêche. Même les communautés de pêcheurs des pays voisins ont adopté la nouvelle technique », indique-t-elle.

La nouvelle manière de sécher le poisson a apporté d’autres changements. En 2004, environ 80 pour cent des sécheurs étaient des femmes, alors qu’on compte désormais 30 à 40 pour cent d’hommes désireux d’investir dans cette entreprise rentable.

Entre-temps, la FAO continue à promouvoir et à renforcer l’utilisation des séchoirs dans d’autres pays, notamment au Kenya, en Ouganda et en Zambie, où la technique a remporté un tel succès que le poisson séché est exporté et vendu au Zimbabwe, au Rwanda et en République démocratique du Congo.

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