Une équipe d’experts en droits humains des Nations Unies a invité jeudi la communauté internationale à prendre des mesures immédiates pour éviter un carnage massif au Soudan du Sud, ainsi que d’autres violations des droits de l’homme, à l’issue de leur visite de 10 jours dans le pays frappé par la crise.
“Tout porte a penser qu’une répétition de ce qui s’est passé au Rwanda est imminente et la communauté internationale a l’obligation de le prévenir,” la présidente de la Commission des Nations Unies sur les droits de l’homme au Soudan du Sud, Mme Yasmin Sooka, a déclaré.
Elle a indiqué que, “il y a déjà un processus de purification ethnique en cours dans plusieurs régions du Soudan du Sud à l’aide de la famine, des viols collectifs et des incendies dans les villages, partout où nous sommes allés à travers le pays, nous avons entendu les villageois dire qu’ils sont prêts à verser le sang pour reprendre leurs terres.”
Elle a également dit que beaucoup de gens que les experts ont rencontrés au cours de leur visite ont déclaré : “les choses ont déjà atteint un point de non-retour.”
“L’échelle de viols de femmes et de filles commis par tous les groupes armés dans le Soudan du Sud est inacceptable et est franchement hallucinant, et selon les rapports des travailleurs humanitaires, le viol collectif est tellement répandu que c’est devenu ‘normal’,” le président a noté.
“Comme le conseiller spécial des Nations Unies sur la prévention du génocide a dit, bon nombre de signaux d’avertissement de l’imminence d’un génocide sont déjà là – un conflit, le recours à l’identité ethnique polarisée, la déshumanisation, une culture de déni, de déplacements en fonction de l’ethnicité et dans certains endroits, des indications de violations systématiques et une planification – mais l’important c’est qu’il est possible de le prévenir,” a souligné Mme Sooka.
La déclaration a également révélé que les experts en droit humain de l’ONU ont rencontré plusieurs femmes déplacées dans le camp de Juba qui avaient été victimes de viols collectifs en juillet et quatre mois plus tard, n’ont pas encore reçu un traitement médical pour les complications qui en résultent.
Il est aussi dit que, dans un camp à Bentiu protégé par l’ONU, les experts ont rencontré une femme qui dit avoir été violée par des soldats trois jours plus tôt quand son village avait été attaqué, et a également entendu les rapports de trois femmes violées ce jour-là par des soldats à l’extérieur du camp, lorsqu’elles allaient ramasser du bois.
À Wau, dans l’ouest de Bahr el Ghazal, les civils ont donné des comptes graphiques sur comment leurs maris et enfants ont été dépouillés et assassinés par les soldats de l’armée au cours de la violence en juin dans laquelle au moins 53 personnes ont été tuées.
L’Equatorias, une région du pays qui a été relativement peu affecté par la violence, est maintenant devenu l’épicentre du conflit, selon le Commissaire Godfrey Musila, qui s’est rendu dans la région.
Dans la déclaration il est dit que l’image qui en ressort est la présence de groupes armés, de déplacements basés sur l’ethnicité, des incendies ciblant les maisons, l’insécurité alimentaire et le refus de la liberté de mouvement. La Commission a entendu de nombreux récits de cadavres trouvés le long des routes principales, la famine imminente et les personnes qui fuient vers les pays voisins sur une base quotidienne.
Les experts pensent que la lutte va s’intensifier au cours de la saison sèche, qui va jusqu’à la fin février.
Pour éviter les carnages massifs, ils ont énuméré un certain nombre de mesures que la communauté internationale devrait prendre immédiatement : accélérer l’arrivée immédiate des 4.000 hommes de la Force de protection régionale au Soudan du Sud, s’assurer que la force n’est pas limitée seulement à la capitale ; gel des avoirs, adopter des sanctions ciblées et mettre en œuvre un embargo sur les armes.
Un des experts, M. Ken Scott, a déclaré : “Il est urgent de mettre en place le tribunal hybride promis pour le Soudan du Sud, comme une grande partie du pays n’a pas de tribunaux et même les méthodes de réconciliation traditionnelles ont maintenant échouées.”
Source PANA