Lagos, Nigeria (PANA) – Il y a un besoin urgent pour des efforts concertés de toutes les parties prenantes afin de prévenir une épidémie tabagique imminente en Afrique pour pouvoir sauvegarder le futur bien-être du continent, indique un rapport publié par le Réseau des Académies des Sciences Africaines.
«Du fait que l’utilisation du tabac a baissé dans les pays à hauts revenus, l’industrie du tabac se tourne de plus en plus vers les pays aux revenus bas ou moyens, surtout en Afrique, en Asie et en Europe de l’Est, pour recruter de nouveaux utilisateurs», a déclaré Oyewole Tomori, le président de l’Académie des Sciences du Nigeria (NAS) et co-président du comité de contrôle du tabac en Afrique, à la présentation publique vendredi du rapport à Lagos, au Nigeria.
Titré «Prévention d’une épidémie tabagique en Afrique : un appel pour des actions effectives pour soutenir le développement sanitaire, économique et social», le rapport est un produit d’un comité d’experts établi par le réseau pour discuter des preuves, obstacles et opportunités pour l’implantation et l’application de l’utilisation du tabac et de sa prévention, ainsi que son contrôle en Afrique.
Composé de 16 experts de huit pays africains, le comité revoit et évalue les preuves de l’état de l’utilisation et de la production du tabac ainsi que de leurs effets de nuisance sur la santé, l’économie et l’environnement en Afrique.
Il met en évidence les dangers inhérents à la prise de tabac de plus en plus en croissante, surtout parmi les jeunes africains.
En dehors de servir comme un appel d’éveil pour les gouvernements, la société civile, les communautés et les individus, il recommande des stratégies à adopter pour prévenir une épidémie sur le continent.
«Sans une prévention complète du tabac et des politiques de contrôle, il est estimé que la prévalence des fumeurs dans la région africaine augmentera d’environ 39% en 2030, la plus importante augmentation régionale au niveau mondial », indique le rapport.
«Une prévalence en augmentation, combinée à une croissance économique soutenue et des dynamiques de changement de population pourrait mener à un doublement de la consommation de tabac en Afrique dans les dix années à venir. La morbidité et la mortalité causées par une telle hausse de la consommation de tabac et à son exposition pourraient avoir des effets dévastateurs sur la santé, les efforts de développement et la croissance économique des pays africains», ajoute le rapport.
Le tabagisme est l’une des plus grandes menaces de santé publique dans le monde et la cause de la mort de la moitié de ses utilisateurs.
Selon l’ Organisation Mondiale de la Santé (OMS), presque 6 millions de personnes sont tuées chaque année par le tabac, dont plus de 5 millions sont des victimes directes du tabac, alors que plus de 600.000 d’entre elles sont des non-fumeurs exposés à la fumée du tabac.
De manière approximative, une personne meurt toutes les six secondes des effets directs du tabac et plus de la moitié des consommateurs meurent éventuellement de maladies relatives au tabac.
Les experts en santé déclarent qu’il y a plus de 4000 produits chimiques dans la fumée de tabac, dont au moins 250 sont connus pour être nocifs et plus de 50 autres connus pour être des causes de cancer.
Le rapport exhorte les gouvernements à mettre en priorité l’implantation et l’application des lois passées sur la consommation de tabac, y compris l’utilisation effective de mesures d’imposition en accord avec la convention cadre de l’OMS sur le contrôle du tabac.
Il plaide également pour une interdiction complète de toute publicité, promotion et sponsoring du tabac.
Le rapport appelle pour une intégration des informations sur les effets néfastes du tabac dans le programme de promotion de la santé dans les écoles primaires et secondaires pour une plus grande prise de conscience.