Le Cap, Afrique du Sud (PANA) – Les relations tendues entre l’Afrique et la Cour pénale internationale (CPI) ont occupé les devants de la scène cette semaine, avec la décision de l’Afrique du Sud de formuler une proposition qui verra la justice dite sur le continent où règnent beaucoup d’inquiétudes sur les “ingérences étrangères” dans les affaires locales.
Après avoir fixé au mardi 7 octobre prochain la nouvelle date pour l’ouverture du procès du président kenyan, Uhuru Kenyatta, la CPI subit de vives critiques quant à sa gestion de l’affaire contre son Vice-président, William Ruto, qui est poursuivi pour les mêmes charges après que des témoins ont été corrompus ou menacés pour qu’ils reviennent sur leurs témoignages.
Le Vice-président sud africain, Kgalema Motlanthe, s’attèle actuellement à résoudre l’impasse entre la Cour et le continent en déclarant qu’il la considère comme une instance juridique indispensable qui devrait compléter la Cour africaine des droits de l’homme.
Dans une allocution livrée lundi à l’université de Pretoria, il a déclaré que l’Afrique doit avoir sa propre Cour investie de la compétence universelle sur les trois principaux crimes internationaux, à savoir le génocide, les crimes contre l’humanité et les crimes de guerre.
Il s’est empressé de signaler que la Cour africaine n’est pas envisagée pour se substituer à la CPI. C’est plutôt une initiative “qu’imposent les problèmes qui semblent nuire à l’efficacité de la CPI en ce qui concerne la situation en Afrique”.
Il a déclaré que la Cour africaine va aider à combler le fossé grandissant qui commençait à émerger entre la CPI et ses détracteurs.
“Une telle Cour va permettre de référer les affaires à la CPI dans des cas où elle révèle des limites innées ou lorsque dans le contexte de sa relation avec la CPI, il est idéal de le faire dans l’intérêt de la justice”.
Les tensions entre la Cour et le continent ont culminé, en novembre dernier, lorsque l’assemblée annuelle des pays signataires, tenue à La Haye a vu les délégués kenyans critiquer la CPI qui, selon eux, cible ce pays de l’Afrique de l’est.
Nairobi a utilisé sa tribune lors de la réunion pour mettre en garde la CPI que le procès de Kenyatta et de Ruto risquent de déstabiliser la région. L’Afrique du Sud a, par conséquent, exhorté la Cour à s’inspirer de son exemple et de promouvoir la réconciliation plutôt qu’une justice formelle dans l’affaire Kenyatta et Ruto.
En son temps, le ministre délégué à la Justice, John Jeffery qui avait suggéré que la Commission Vérité et Réconciliation de l’Afrique du Sud soit instituée (TRC), avait trouvé un “terrain d’entente”.
“Je me demande si la solution miracle de l’Afrique du Sud sous l’égide du TRC aurait été possible si l’on avait insisté à suivre cette voie de la justice formelle dans les juridictions pénales”, a-t-il annoncé.