Blantyre, Malawi (PANA) – Au Malawi, un tribunal de première instance siégeant à Lilongwe, la capitale, a ordonné la libération sous caution de l’homme d’affaires, Oswald Lutepo, le principal suspect du pillage systématique de deniers publics baptisé ‘cashgate’.
M. Lutepo avait été arrêté à nouveau dimanche après avoir confessé dans une ‘lettre ouverte’ très largement diffusée au procureur général dans laquelle il reconnaît avoir menti lors de ses précédents témoignages sous serment devant le tribunal. Il a déclaré qu’il avait été obligé de mouiller certains hauts responsables du gouvernement et d’en blanchir d’autres.
Lutepo a été libéré après l’accusation officielle de parjure portée contre lui par l’Etat, par le biais de son avocat chevronné, Oliver Gondwe.
« Votre honneur, l’Etat était au courant de la règle des 24 heures qui avait déjà expiré mardi. La raison pour laquelle nous n’avons pas pu le traduire devant le tribunal est qu’il était admis à la City Centre Clinic, où il était hospitalisé. Nous nous sommes conformés à l’article 42 (2) de la Constitution qui exige que l’état présente la personne mise en cause devant le tribunal pour l’inculper dans les 48 heures », a-t-il indiqué.
L’avocat de M. Lutepo, Oswald Mtupila, a sollicité une liberté sous caution de son client, ce que l’Etat n’a pas refusé. Il a déclaré au tribunal que son client avait bénéficié d’une « évacuation temporaire » de 20 minutes décidée par ses médecins.
L’homme d’affaires avait eu des douleurs après s’être évanoui dans sa cellule. Les médecins avaient diagnostiqué une hypertension artérielle et des douleurs à l’estomac.
Le magistrat résident principal, Chisomo Msokela, a ordonné sa libération sous caution car selon lui, il avait déjà bénéficié d’une liberté sous caution pour des accusations plus graves de fraude et de blanchiment d’argent. Le parjure est considéré comme une infraction mineure au Malawi.
Lutepo est arrivé au tribunal sous la haute surveillance de policiers en uniforme.
La nouvelle accusation portée contre Lutepo pour parjure est liée à une lettre en date du 17 juillet qu’il avait adressée au procureur général, Kalekeni Kaphale, dans laquelle il affirme avoir été forcé par le directeur des poursuites pénales, (Director of Public Prosecutions, DPP), Bruno Kalemba, procureur de l’Etat, Kamudoni Nyasulu et ex-ministre de la Justice, Fahad Assani de faire de fausses déclarations pour mouiller de hauts responsables de l’administration tout en blanchissant d’autres.
Lutepo, un ex-membre influent du parti au pouvoir, le People’s Party, et l’un des ses grands bailleurs de fonds, a déclaré que ces déclarations ont été obtenues sous la contrainte.
Au cours du ‘cashgate’, au moins 300 millions de dollars américains ont été détournés des coffres du gouvernement par le fait que des hommes d’affaires de connivence avec des politiciens et des fonctionnaires ont été payés pour des biens et des services qu’ils n’ont pas rendus au gouvernement.
Au moins 70 suspects parmi lesquels Lutepo, furent arrêtés et inculpés pour des accusations de fraudes et de corruption.
Le scandale, le pire scandale financier au Malawi, aurait pu faire perdre à l’ex-présidente Joyce Banda, les élections du 20 mai dernier.
Mme Banda, la deuxième femme à accéder à la fonction de présidente en Afrique, est arrivée troisième lors du scrutin remporté par Peter Mutharika, le frère cadet de l’ex-président, Bingu wa Mutharika.