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Addis-Abeba, Ethiopie – Déterminée à jeter les bases pour la mise en place de mesures stratégiques visant à prévenir et à faire face à la violence sexuelle en Afrique, l’Union africaine (UA) convoque cette semaine à Addis-Abeba, en Ethiopie, une réunion de trois jours d’experts de haut niveau pour élaborer un cadre d’action devant permettre aux victimes d’avoir accès à la justice et mettre ainsi fin à l’impunité.
Selon un document de l’UA, le cadre sera basé sur une analyse des lacunes importantes existant dans les réponses apportées, en vue de prévenir, protéger et accéder aux services essentiels dans les pays en conflit et post-conflit.
« La violence basée sur le sexe et le genre a atteint des proportions inquiétantes dans les pays en proie à des conflits en Afrique pour devenir une question de paix et de sécurité, mais aussi de droits de l’homme », écrit la Commission de l’UA (CUA).
D’après la Commission, la réunion du 9 au 11 octobre entend renforcer l’effort global fait actuellement pour combattre la violence sexuelle en Afrique et au-delà.
« L’objectif est de réduire sensiblement ou d’éliminer la violence sexuelle, et d’accélérer la mise en oeuvre de réponses urgentes au problème de la violence sexuelle, qui sont nécessaires pour assurer la prévention, la protection, l’accès aux soins et à la justice pour les victimes », explique la CUA.
Huit pays post-conflit seront au menu de la rencontre.
Il s’agit du Burundi, de la Côte d’Ivoire, de la République Centrafricaine, de la RD Congo, du Liberia, de la Sierra Leone, de la République du Soudan du Sud, et de la République du Soudan.
Organisé dans le cadre de l’Initiative de solidarité africaine (ASI), la réunion regroupera les représentants des Etats membres de l’UA, du système des Nations unies, des universitaires et des professionnels travaillant sur des questions liées à la prévention et la réponse à apporter à la violence sexuelle en Afrique.
Lancée lors du sommet de l’UA de juillet 2012, l’ASI est un programme destiné à encourager et à motiver les Etats africains à appuyer les efforts de reconstruction et de développement dans les pays en phase post-conflit, ainsi qu’à renforcer leur capacité à cette fin.
Alors que de nombreux pays africains endurent des décennies de conflits armés qui ont des conséquences traumatisantes sur la vie de leurs populations, la dignité humaine et les droits des femmes et des filles ont été violés du fait d’une culture systématique du viol et d’autres formes de violences sexuelles sexistes commises au cours d’un conflit armé et qui continuent bien après la fin du conflit.
« La perception trop souvent partagée de la violence sexuelle comme sous produit de la guerre a contribué à faire de ces atrocités des faits normaux durant la guerre et a entraîné une violence sexuelle généralisée et opportuniste dans un contexte post-conflit », observe la CUA.
Selon la Commission, les conséquences à long terme de ces viols endémiques sur la société sont difficiles à mesurer.
« Déjà, le phénomène croissant des enfants nés d’un viol et rejetés par les communautés comporte les germes de violences futures et n’augure rien de bon pour le futur du continent », conclut le communiqué.