Addis-Abeba, Ethiopie (PANA) – La présidente de la Commission de l’Union Africaine, Nkosazana Dlamini-Zuma, a estimé lundi que la fermeture des frontières et la suspension des vols à destination des pays affectés par le virus Ebola en Afrique de l’Ouest a davantage d’impact sur les populations locales que la maladie elle-même.
L’organisation panafricaine a également averti à l’ouverture d’une session de son Conseil Exécutif, regroupant les ministres des Affaires étrangères, que l’impact de la maladie sur les populations des pays comme le Nigeria, où des cas ont été signalés, pourrait changer radicalement, en ayant d’importantes retombées sur les économies des pays voisins.
« Nous devons veiller à ce que le virus Ebola ne se propage pas à d’autres pays en mettant en oeuvre les procédures efficaces pour détecter, isoler et traiter les personnes infectées et protéger le reste de la population des infections », a dit Mme Dlamini-Zuma.
« Nous devons faire attention à ne pas mettre en place des mesures qui ont plus d’impacts négatifs au niveau social et économique que la maladie elle-même », a-t-elle prévenu.
L’UA a convoqué cette réunion d’urgence des ministres des Affaires étrangères pour discuter des mesures requises pour stopper les sanctions économiques contre les pays affectés par Ebola, qui a jusqu’ici tué 2.000 personnes.
Selon l’UA, bien que des mesures soient requises pour limiter l’impact de la maladie sur le commerce transfrontalier et la sécurité alimentaire, des efforts sont requis pour arrêter la propagation de la maladie.
Selon Mme Dlamini-Zuma, les communautés affectées par la propagation du virus ne sont pas en mesure de faire du commerce ni de cultiver les champs. Ce qui a entraîné une hausse des coûts des denrées alimentaires de base.
« Nous devons mettre en place des mesures pour permettre à l’agriculture de continuer et pour soutenir les commerçants, dont la majorité sont des femmes », a souligné la patronne de l’UA.
Cette réunion d’urgence du Conseil exécutif discute des moyens de limiter l’impact des mesures prises par les autres pays pour éviter toute contamination, a-t-on indiqué.
Le secrétaire exécutif de la Commission des Nations Unies pour l’Afrique (CEA), Carlos Lopes, a, pour sa part, fait savoir que l’impact économique de la maladie serait plus grave si le virus se propageait dans d’autres pays du continent.
La maladie se traduit par une chute de l’activité économique dans les pays affectés.
« On ne peut lutter contre Ebola qu’à travers un investissement massif pour s’attaquer de toute urgence aux facteurs contribuant à l’expansion de l’épidémie », a dit M. Lopes. « Les pays touchés sont tourmentés et ont besoin de l’ensemble de l’Afrique pour freiner la désinformation et demandent un financement substantiel des mesures de contrôle de l’épidémie », a-t-il souligné.
Selon la vice-présidente de la Banque Africaine de Développement (BAD), Geraldine Fraser-Moleketi, la banque a signé un accord de financement de 60 millions de dollars avec l’Organisation Mondiale de la Santé (Oms) pour mettre à disposition des fonds destinés à l’achat des médicaments nécessaires pour le traitement d’Ebola. Ces fonds serviront aussi à améliorer les infrastructures de santé en Sierra Leone, au Liberia et en Guinée-Conakry.
La banque s’apprête aussi à débloquer 150 millions de dollars en faveur des pays affectés sous forme d’appui budgétaire. Ces fonds serviront à financer les besoins médicaux dans les hôpitaux en Afrique de l’Ouest.
Photo: WHO