La Commission Economique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA) et l’Union Africaine (UA) ont lancé mardi à Monrovia le Groupe de Haut Niveau sur les Migrations (HLPM) en Afrique – un panel visant à placer les questions de migrations au sommet de l’agenda politique en engageant les principaux acteurs et partenaires.
Établi par la CEA sous la direction de la Conférence conjointe des ministres de l’UA et de la CEA à Addis-Abeba, ce groupe, composé de 14 membres est présidé par Mme Sirleaf, la Présidente du Libéria.
« Rien que la semaine dernière, une quarantaine de jeunes hommes et femmes sont morts de soif dans le désert du Sahara, en essayant de rejoindre l’Europe. Plus d’un millier de personnes ont péri en Méditerranée depuis le début de cette année », a déclaré Mme Sirleaf lors du lancement du HLPM.
La Présidente du HLPM a fait remarquer que dans de nombreux endroits en Europe aujourd’hui, on observe « un mélange de migrants de milieux divers vivant dans les rues et dans des conditions pouvant être décrites comme inhumaines ».
Lors du lancement du HPLM, le Secrétaire exécutif par intérim de la CEA, Abdalla Hamdok, a déclaré que l’Afrique se voyait privée des nombreux avantages de la migration en raison de politiques frontalières strictes. Il a déploré le fait que les Africains aient besoin de visas pour se rendre dans 55% des autres pays africains.
« Les voyages effectués par les Africains sur le continent sont limités par des exigences strictes en matière de visa, de contrôles aux frontières excessifs et de restrictions à l’immigration », a déclaré M. Hamdok, ajoutant que le phénomène « augmente les coûts et les risques de la migration et entrave souvent la motivation individuelle pour migrer et les restrictions de mobilité du pays ».
Le chef par intérim de la CEA a également souligné que bien que les médias internationaux aient tendance à présenter des images d’un grand nombre de migrants traversant la Méditerranée en Europe en provenance principalement d’Afrique, la migration intra-africaine domine encore les flux migratoires sur le continent.
« Les données montrent que moins de 3% de la population africaine ont migré à l’international et moins de 12% du total des flux migratoires à destination de l’Europe proviennent d’Afrique », a rappelé M. Hamdok.
Ce point de vue a également été souligné par Maureen Achieng, Représentante de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) auprès de l’UA, de la CEA et de l’Autorité Intergouvernementale sur le Développement (IGAD).
« Les migrations en provenance d’Afrique vers d’autres régions se déroulent à un rythme beaucoup moins élevé que l’on pourrait penser », a déclaré Mme Achieng. « Il y a environ 7,5 millions de migrants ouest-africains en Afrique de l’Ouest, contre 1,2 million en Amérique du Nord et en Europe combinées ».
Mme Alma Negash, Fondatrice du Réseau de la diaspora africaine (Africa Diaspora Network) et Membre du HPLM a également déploré la question des contrôles excessifs aux frontières. Elle a cité l’Ouganda qui a accepté des migrants comme un exemple que les pays africains devraient suivre.
«Au cours des dernières années, le pays à lui seul, a accueilli au moins 800.000 migrants et réfugiés du Soudan du Sud », a déclaré Mme Negash. « L’Afrique doit endosser la responsabilité et s’occuper de ses enfants ».
Au cours des prochains mois, le HLPM mènera des consultations aux niveaux national, régional et mondial pour formuler des recommandations sur les mesures à prendre pour construire et maintenir un large consensus politique.
Ce consensus concerne le programme de développement international de la migration, en tenant compte des défis particuliers des pays dans des situations de conflit et post-conflit. Le rapport sera soumis lors du Sommet des chefs d’État de l’UA en juillet 2018.
Source PANA