Port-Louis, Maurice (PANA) – L’industrie sucrière mauricienne, même si elle ne contribue maintenant que pour 6% dans l’économie du pays, est encore très importante pour l’avenir de l’île, parce que la canne à sucre sert aussi à produire de l’énergie renouvelable et de l’éthanol et bientôt du bioplastique qui sont des produits à valeur ajoutée dont les Mauriciens ne se priveront pas.
« Nous ne voulons pas que cette industrie meure », a déclaré le ministre mauricien de l’Agro-industrie et de la sécurité alimentaire, Satish Faugoo, dans un entretien, ce mardi, après l’annonce d’une baisse du prix du sucre sur le marché européen d’environ 515 euros à près de 465 euros la tonne pour la récolte 2014 et pour celle de 2015.
« Le coût de production d’une tonne de sucre est déjà de 520 euros », a-t-il fait noter.
Cette baisse du prix du sucre est intervenue et elle se poursuivra, selon le ministre, à l’annonce de l’abolition du quota sucrier pour les betteraviers en Europe en 2017.
« Les pays faisant partie du groupe BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), ayant un stock important de ce produit, ont inondé le marché mondial avec leur sucre. Le prix a alors chuté, ce qui représente un grand danger pour notre industrie », a dit M. Faugoo.
Mais, avant même que le prix ne chute, de nombreux petits et moyens agriculteurs ont déjà abandonné leurs terres pour diverses raisons telles que le manque de main-d’oeuvre, le coût élevé des intrants et aussi les problèmes liés à l’héritage ou encore le développement industriel.
Un total de 11.500 hectares de terres a ainsi été abandonné depuis 2008.
« Nous ne voulons pas que cet abandon des terres agricoles se poursuive, surtout après avoir tant investi dans la réforme de cette industrie depuis 2008. Il mettra en péril notre industrie et les 100.000 tonnes de sucre que ces 18.000 petits et moyens agriculteurs produisent annuellement », a déclaré le ministre.
Maurice produit environ 410.000 tonnes de sucre annuellement depuis les dernières années contre plus de 550.000 tonnes, il y a une décennie.
Pour le ministre de l’Agro-industrie, « il n’y a pas de voie facile, ni de magie pour sortir de cette crise ».
« La seule façon de s’en sortir est le regroupement des petits et moyens agriculteurs parce qu’ils sont vulnérables. Ce qui devrait leur permettre de réduire leurs coûts d’opération et d’améliorer leur productivité », a-t-il indiqué.
Entre-temps, a ajouté M. Faugoo, l’Etat va trouver les moyens de financer le manque à gagner des petits et moyens agriculteurs pour la récolte de 2014 et celle de 2015.
On rappelle à Maurice que l’industrie sucrière est passé par des étapes difficiles depuis 2007 après la baisse du prix du sucre de l’ordre de 36%, suivie, en 2009, du démantèlement du Protocole du Sucre, qui avait permis jusque là à l’Ile Maurice de vendre son sucre sur le marché européen à un prix garanti, et ce, pendant près de 40 ans.