Les problèmes sociaux à l’origine de 48,3 pc des divorces en Tunisie

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Tunis, Tunisie (PANA) – Une étude faite par le ministère tunisien des Affaires féminines et de la famille a fait apparaitre que les cas de divorce enregistrés dans le pays sont en constante augmentation, surtout ces dernières années, indiquant que 27% des divorcés sont âgés de moins de 36 ans.

59% des cas de divorce se produisent durant les dix premières années du mariage et les deux tiers des familles divorcées ont plus d’un enfant, alors que le tiers restant a plus de trois enfants.

Selon la même étude, les problèmes sociaux constituent 48,3% des causes de divorce.

Une récente étude a cependant estimé que 82% des cas de divorce en Tunisie se produisent désormais dans la première année du mariage, mettant la Tunisie parmi les pays les plus touchés dans le monde arabe.

Le ministère tunisien de la Justice a cependant démenti les conclusions selon lesquelles la Tunisie enregistrait le taux le plus élevé de divorce du monde arabe et occupe la quatrième place mondiale, indiquant qu’il est impossible, sur le plan méthodologique, de comparer la Tunisie à d’autres pays dans ce domaine, sauf si ces pays disposent de systèmes similaires à la Tunisie.

Le divorce en Tunisie est foncièrement juridique (au contraire des aux autres pays arabes où l’aspect religieux est prédominant), la loi permettant en effet à la femme de prendre l’initiative et de divorcer de son mari, conformément à la disposition du chapitre 30 du Code de la famille.

Le nombre de femmes qui demandent le divorce avoisine les 50% des cas présentés devant les tribunaux aujourd’hui, contre seulement 6% en 1960.

Les spécialistes des sciences sociales expliquent le divorce à l’initiative des femmes en Tunisie par leur indépendance financière par rapport à l’homme.

La femme tunisienne, ajoutent-ils, compte sur elle-même et s’est libérée des pressions familiales, des traditions héritées du passé qui l’obligeaient à accepter les décisions imposées par d’autres.

Les spécialistes énumèrent plusieurs raisons pour expliquer ce phénomène dont la violence conjugale qui représente 28% des divorces dans le pays, le chômage, etc.

Mais, ces deux dernières décennies, une autre cause liée à l’infidélité est très répandue dans la société tunisienne.

La société de ce pays du monde arabe a connu aussi ce qu’il convient d’appeler le « divorce silencieux », caractérisé par l’acceptation du couple divorcé de continuer à vivre sous le même toit afin d’éviter le regard critique des autres.

Le spécialiste des statistiques sociales al-Mondhir Jaafar a mis en garde contre les divorces précoces et ses conséquences sur le mariage et sa stabilité.

Il estime que ce phénomène figure parmi les plus grands fléaux du monde moderne qui, selon lui, influe sur les décisions d’avenir pour les jeunes qui vivent des perturbations psychologiques.

L’experte judiciaire, Khadidja al-Madya, a estimé que les modifications apportées au Code de la famille en 1993 et les années suivantes sont très importantes, notamment celles relatives aux trois séances de réconciliation accordées aux couples avec des enfants, afin de leur donner l’occasion de se réconcilier et d’éviter le divorce.

Les structures étatiques et gouvernementales ainsi que les organisations de la société civile en Tunisie déploient des efforts intenses, à travers des campagnes de sensibilisation et de réconciliation en faveur des couples.

D’autres spécialistes demandent aux autorités tunisiennes de s’inspirer du système malaisien où le taux du divorce est passé durant une décennie, de 37 à 7%.

Certes, des changements importants sont survenus dans la société tunisienne touchant le phénomène du divorce.

La famille tunisienne, est-elle pour autant devenue instable à cause de ces changements?

Pour les experts, ce jugement est exagéré car toutes les sociétés sont confrontées aux mêmes équations, même si c’est à des degrés divers.

 

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