Malemia, Malawi (PANA) – Les opérations de vote ont effectivement démarré pour la cinquième élection présidentielle au Malawi depuis l’avènement du multipartisme dans ce pays en 1994.
Le vote a démarré à 06 heures du matin (heure locale) dans la plupart des centres de vote, mais des bureaux ont ouvert en retard en raison de la pluie et des problèmes logistiques.
Jusqu’à 09 heures, quelques centres étaient toujours fermés, causant l’irritation de certains électeurs ayant bravé pluie et intempéries pour se rendre dans les bureaux de vote.
Deuxième femme présidente d’Afrique qui a accédé au pouvoir en 2013 suite à la disparition brutale du président Bingu wa Mutharika, Joyce Banda, 64 ans, fait face à une très rude concurrence de la part du frère cadet du feu Mutharika, le Professeur Peter Mutharika, qui est le candidat du Democratic Progressive Party (DPP).
Un autre challenger de Mme Banda, Atupele Muluzi, âgé de 35 ans, fils du premier président du Malawi multipartite, Bakili Muluzi, est également candidat à cette élection et compte sur l’électorat jeune qui va voter pour la première fois.
Le candidat surprise à cette présidentielle est le Pasteur à la retraite, Lazarus Chakwera, qui retient le plus l’attention des observateurs. La plupart des analystes disent qu’il est l’homme à surveiller de près dans cette élection.
Non touché par la corruption et la fraude qui caractérisent la politique post-parti unique du Malawi, l’ex-président des Assemblées de Dieu du Malawi, âgé de 59 ans, pourrait créer la surprise.
« Je suis fier de ne pas être un politicien milliardaire et je n’ai pas l’intention de le devenir », a-t-il déclaré.
M. Chakwera est le candidat du Malawi Congress Party (MCP) qui a dirigé le Malawi pendant trois décennies avant de céder le pouvoir au United Democratic Front (UDF) de Muluzi lors des premières élections multipartites dans ce pays d’Afrique australe en 1994.
Les atrocités de 30 ans d’abus de pouvoir du MCP, caractérisées par des détentions arbitraires et des disparitions inexpliquées d’opposants politiques du président fondateur, Hastings Kamuzu Banda, pourraient, cependant, être un frein aux ambitions politiques de M. Chakwera. Mais l’homme d’église devenu politicien reste optimiste.
« Le Dr. Banda avait présenté ses excuses pour tous les méfaits associés au MCP. Les Malawites sont capables de pardonner. Il est temps d’aller de l’avant », a-t-il déclaré.
L’administration du People’s Party (PP) de la présidente Banda, qui n’a rien à voir avec le Dr. Banda, se remet difficilement du pire scandale financier ayant secoué le gouvernement du Malawi depuis 50 ans qu’il est devenu un pays indépendant.
Dénommé « cashgate », ce scandale porte sur le détournement de plusieurs millions de dollars du Trésor public par des fonctionnaires de connivence avec des politiciens et des patrons d’entreprises qui ont reçu des paiements pour des produits et des services non rendus au gouvernement.
Même si la présidente n’est pas directement mise en cause, le « cashgate » pourrait la priver de ses chances de conserver le pouvoir.
Mais elle reste sereine et a déclaré: « le fait que le cashgate ait eu lieu sous mes yeux, j’en assume toute la responsabilité… mais le simple fait que nous ayons pu le démasquer montre bien que nous nous attaquons sérieusement à la corruption ».
Jusqu’à présent, 70 personnes sont jugées devant les tribunaux pour ce « cashgate ». Ce scandale a entraîné le gel de 150 millions de dollars d’appui budgétaire représentant 40% du budget du Malawi.
Pour sa part, M. Mutharika est également optimiste. « Nous voulons prendre la relève de mon frère », a déclaré le professeur de droit constitutionnel en congé sabbatique de la Washington State University.
Le jeune Muluzi, dont la campagne est intitulée « Agenda for Change », pense également avoir ce qu’il faut pour faire avancer le Malawi.
« Les Malawites sont prêts pour le changement », a-t-il affirmé. Nous devons changer notre manière de faire les choses. Ce n’est plus comme avant, tout doit changer ».
Mais le bilan économique de son père quand il a dirigé le Malawi entre 1994 et 2004 a été caractérisé par une corruption généralisée. En outre, à 35 ans, de nombreux analystes estiment que Muluzi n’est pas prêt pour le grand jeu politique.
Au total, 12 candidats sont en lice pour cette élection présidentielle, dont deux femmes à savoir l’actuelle présidente, Mme Banda et une femme d’affaires, Helen Singh.
Le vote doit prendre fin à 18 heures et le dépouillement des bulletins commencera immédiatement.