New York, Etats-Unis (PANA) – Des experts des droits de l’Homme de l’ONU ont invité le Kenya à abroger les articles de sa Loi sur le mariage et la propriété qui privent l’épouse de tout droit aux biens matrimoniaux lors du divorce ou du décès de son époux, à moins qu’elle ne puisse prouver qu’elle a contribué à l’acquisition de ces biens durant leur mariage.
Dans un communiqué conjoint transmis mardi à New York, ces experts estiment que très peu de femmes seront en mesure de prouver une telle contribution dans le cadre de ces nouvelles dispositions.
Selon eux, peu de Kenyanes ont des titres de propriété à leur nom et possèdent encore moins des biens en commun avec les hommes.
L’une des experts, Mme Frances Raday, qui dirige actuellement le Groupe de travail de l’ONU sur la discrimination à l’égard des femmes dans la législation et la pratique, a jugé que ces dispositions entraînent une régression sérieuse dans la protection de l’accès égal des femmes à la terre et à la propriété.
Mme Raday a estimé qu’elles constituaient également une violation par le Kenya de ses obligations internationales et régionales en matière de droits humains.
“Elles constituent clairement une discrimination à l’égard des Kenyanes et s’opposent véritablement aux dispositions relatives à l’égalité contenues dans la Constitution kenyane”, a-t-elle souligné.
Le communiqué note que cette Loi, entrée en vigueur le 16 janvier 2014, pourrait entraîner pour de nombreuses Kenyanes la perte de l’accès aux terres sur lesquelles elles vivent et travaillent.
Il ajoute que plusieurs ménages ruraux au Kenya sont dirigés par des femmes, qui comptent sur la terre non seulement pour produire de la nourriture, mais également sur les revenus qu’elle génère pour avoir accès aux soins de santé et à des opportunités d’éducation pour elles-mêmes et leurs familles.
“Les femmes ne vont avoir effectivement plus aucune garantie de maintien sur les lieux ni d’endroit où vivre avec leurs enfants si leur mari les quitte ou meurt, ce qui va les exposer encore plus aux violences.
“L’adoption de cette loi va avoir un impact négatif sur le droit à se nourrir, le droit à un logement décent et le droit à un niveau de vie adéquat pour les femmes, les enfants et les communautés”, selon le communiqué.
Photo: Ethio Civility