Bujumbura, Burundi (PANA) – Plusieurs organisations de la société civile burundaise ont sorti, jeudi, une déclaration conjointe dans laquelle elles faisaient savoir qu’elles avaient initié des activités d’observation de l’opération d’enrôlement des candidats électeurs de 2015 et relevé « plusieurs irrégularités » de diverses natures sur le terrain depuis le 24 novembre 2014, date du début de l’activité qui est censée prendre officiellement fin le 7 décembre.
La déclaration a été endossée par la coalition de la société civile pour le monitoring électoral, le forum pour le renforcement des capacités de la société civile, la Ligue Burundaise des Droits de l’Homme (Iteka, dignité, en langue nationale, le kirundi) ou encore l’association pour la protection et la défense des droits humains et des détenus.
Les déclarants exigent de la Commission Electorale Nationale Indépendante(Ceni) et du gouvernement, des mesures urgentes de « redressement », pour ne pas fausser irrémédiablement les données du fichier électoral, alors que c’est la base, le fondement et le gage d’un processus électoral transparent et digne de confiance de toutes les parties intéressées par les prochaines élections générales de 2015.
Les observateurs ont été disséminés sur l’ensemble du territoire national et leurs rapports à mi-parcours montrent de « nombreuses irrégularités susceptibles d’entacher profondément le processus et fausser inéluctablement le fichier électoral », insiste la déclaration qui pointe surtout l’accès et l’usage « abusif » de la carte nationale d’identité obligatoire pour prétendre à l’enrôlement.
Les observateurs de la Société civile allèguent, entre autres, l’utilisation de cartes d’identité « sans empreintes digitales du propriétaire, sans sceau de la commune, sans photo passeport ou qui portent des photos illisibles à l’oeil nu, quand la photo n’a pas été remplacée par une autre.
D’autres cartes nationales d’identité ont été distribuées « irrégulièrement », dans les centres d’enrôlement, par des directeurs d’école, des administratifs à la base ou encore des membres du parti dirigeant au Burundi, selon toujours les allégations de la Société civile.
La même source fait état de la « manipulation » ou l’utilisation « abusive » de la carte nationale d’identité par endroit, par des « mineurs ».
«Cela constitue un indice sérieux de fraude électorale savamment pensée et mise en œuvre avec la complicité de l’administration communale », soutient la société civile qui est en même temps « préoccupée » par le nombre « peu élevé » d’électeurs qui se sont déjà fait enrôler, « ce qui témoigne d’un manque d’enthousiasme des citoyens burundais qui veulent participer au processus électoral ».
La société civile interpelle en conséquence les citoyens encore réticents ou démotivés à s’enrôler massivement « pour ne pas rater l’occasion de se faire élire et de désigner leurs représentants de demain sur le plan local ou national ».
La déclaration de la société civile condamne à la fin, la « tendance à la minimisation de ces irrégularités par la CENI et le ministère de l’Intérieur qui sont pourtant les seules instances capables de redresser cette situation dramatique».
La Ceni et le ministère de l’Intérieur ont déjà reconnu « certaines irrégularités » comme le fait de délivrer les cartes nationales d’identité en dehors des mairies et promis de corriger ce genre de manquements dans le processus d’enrôlement des candidats électeurs.