La restitution de l’art africain pillé par les colons discutée lors d’une conférence à Harlem

Par Isseu Diouf Campbell

Le 19 octobre 2019, l’Institut d’études africaines de Columbia University a organisé une journée de conférence sur la restitution de l’art africain pillé par les anciens colonisateurs la France, l’Angleterre et l’Allemagne, entre autres à l’Académie italienne des études avancées.

Plusieurs universitaires, dont Felwine Sarr et Benedicte Savoy, auteurs d’un rapport préparé pour le président français Emmanuel Macron en novembre 2018 figuraient parmi les intervenants.

Selon Felwine Sarr, 80% de l’art africain d’Afrique subsaharienne totalisant 90.000 objets se trouvent dans les musées français.

Même si le rapport rédigé par Sarr et Savoy a retracé l’origine et les circonstances de la disparition des 90.000 objets, le gouvernement français attend les réclamations des nations africaines pillées avant de restituer les objets.

Depuis la publication du rapport, la France n’a restitué qu’un seul objet au Bénin.

Les pays du Sénégal, de la Côte d’Ivoire et du Maroc ont déjà envoyé leurs lettres de réclamation au gouvernement français tandis que le Mali, le Burkina Faso et le Gabon rédigent les leurs.

Plusieurs voix du monde occidental soutiennent que ces objets n’ont pas été volés mais sauvés d’une destruction certaine et sont mieux lotis dans les musées occidentaux.

Pour Felwine Sarr, le déséquilibre des pouvoirs entre l’Afrique et l’Occident est à l’origine de tels arguments que certains jugeraient inacceptables. Il insiste sur le fait que ces œuvres d’art ont été créées dans un climat africain; beaucoup d’entre eux des siècles avant leur vol et les sociétés africaines qui les ont créés ont la capacité de les préserver.

Le débat autour de la restitution de l’art africain n’est pas nouveau. Benedicte Savoy a rappelé au public que le même débat avait eu lieu à la télévision nationale en France et en Allemagne dans les années 70 pour disparaître dans les années 80.

Ce qui semble faire défaut dans ce débat sur la restitution, c’est un organisme indépendant suffisamment puissant pour demander des comptes aux nations pilleuses. Les artefacts volés doivent être restitués à leurs propriétaires légitimes, les nations africaines où ils ont été créés.

 

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