Lusaka, Zambie (PANA) – La politique de réadmission introduite par le gouvernement zambien pour permettre aux jeunes filles écolières enceintes de compléter leur éducation devient une question de controverse à Lusaka, du fait que les statistiques montrent que l’effectif des filles réadmises à l’école après être tombées enceintes est en hausse.
Les récentes révélations qu’environ 70 pour cent des élèves qui sont réadmises après être tombées enceintes à l’école primaire de Mwajimambwe dans la zone du chef Mumena à Solwezi, dans le Nord-ouest de la Zambie, tombent enceintes encore une fois, ont déclenché le débat dans la politique de réadmission des filles-mères.
Un directeur d’école, Titus Kikolomo, a déclaré que certaines jeunes écolières abusent de la politique de réadmission que le gouvernement a mise en place pour les aider à compléter leur éducation en dépit d’être tombées enceintes.
Selon lui, la politique de réadmission ne fait, en quelque sorte, qu’engendrer l’indiscipline au niveau des jeunes filles écolières. Il a suggéré qu’il y a un besoin pour le gouvernement d’attacher une limite du nombre de fois que ces filles peuvent être réadmises encore à l’école.
M. Kikolomo a déclaré au comité parlementaire sur les lois, les droits de l’Homme et la gouvernance ainsi que des affaires d’enfance que la politique de réadmission est une bonne politique du fait qu’elle accorde aux jeunes filles la possibilité de compléter leur éducation malgré les circonstances dans lesquelles elles se sont retrouvées.
Et les statistiques révélées devant le Parlement montrent que 12.617 jeunes filles ont été réadmises à l’école sous la politique de réadmission après être tombées enceintes entre 2009 et 2011.
Selon le ministre zambien de l’Education, John Phiri, le problème est plus répandu à l’école de base où en 2009, 5517 jeunes filles ont été réadmises à l’école, alors que 1.033 jeunes filles allant à l’école secondaire ont été réadmises au cours de la même année.
En 2011, 5106 élèves de l’école de base ont été réadmises à l’école, avec 925 élèves du secondaire réadmises aussi la même année.
M. Phiri a déclaré qu’il est temps de faire des recherches plus significatives sur la politique de réadmission qui a été mise en place en 1997, pour pouvoir établir si elle marche ou sinon, identifier les obstacles.
Le secrétaire du Conseil de l’éducation du district Nord-ouest, Richard Kasoma, a déclaré que la province du district Nord-ouest est en train d’enregistrer pas moins de 100 grossesses parmi les écolières par année depuis 2008.
Et selon le secrétaire du district de Solwezi, Fredrick Munkinyi, 42 pour cent des jeunes filles du district abandonnent les classes avant d’avoir complété l’école de base, alors que 21 pour cent quittent l’école pour un mariage précoce justifié par des pratiques culturelles.
Kasoma a attribué la hausse du nombre d’élèves jeunes filles qui tombent enceintes au manque de pension adéquate pour les élèves du district, ce qui oblige certains élèves à louer des maisons. Il a indiqué qu’en vivant dans des maisons louées pour avoir un accès plus facile à l’éducation, les jeunes filles deviennent vulnérables et leur sécurité personnelle n’est pas garantie dans des lieux pareils.
« La question de la pression des paires et le manque de contrôle parental contribuent à augmenter le nombre de grossesses », a-t-il ajouté.
« La politique de la réadmission ne marche pas. Et je soutiens les écoles catholiques et autres missions sur cette question. Les ramener à l’école conventionnelle a une influence sur les autres jeunes filles », a par ailleurs déclaré un étudiant.