Paris, France (PANA) – Le vice-président de la Banque mondiale pour la région de l’Afrique, M. Makhtar Diop, appelle les dirigeants sénégalais à une « utilisation la plus efficiente possible des ressources mobilisées », en rappelant à leur attention que « c’est seulement ainsi que vous serez assurés d’en avoir pour votre argent”.
M. Makhtar Diop faisait cette déclaration à l’ouverture ce lundi de la réunion du Groupe consultatif de Paris, au cours de laquelle le Sénégal entend solliciter auprès des bailleurs de fonds le financement de son Plan Sénégal Emergent (PSE) à hauteur de 1.853 milliards de francs CFA (environ 4 milliards de dollars US).
Le vice-président de la Banque mondiale met en garde, à cet effet, les autorités sénégalaises contre la tendance, largement partagée sur le continent africain, à établir « un lien mécanique entre un fort taux de croissance et l’exploitation de ses ressources », alors que « les richesses naturelles ne sont nullement une condition sine qua non d’obtention de taux de croissance durable », affirme M. Makhtar Diop, qui recommande les expériences de Singapour et de la Corée du Sud.
Pour la Banque mondiale, le Sénégal devrait éviter de fonder l’espoir d’un taux de croissance durable sur ses récentes découvertes de gisements d’or et de zircone, pour prendre graine des expériences des pays « qui ont réussi cette transition vers l’émergence » pour laquelle Dakar recèle quelques avantages comparatifs.
Parmi ces avantages comparatifs indispensables à l’atteinte d’une croissance durable figurent « un capital humain de qualité, une stabilité politique, de fortes institutions, une capacité de sélection, une bonne gouvernance, une ouverture sur le reste du monde et une grande capacité d’adaptation et de mise en œuvre des politiques économiques », cite le dirigeant de la Banque mondiale.
« Le capital humain, depuis longtemps la principale ressource du Sénégal, doit demeurer le socle sur lequel bâtir la croissance », indique M. Makhtar Diop, qui se félicite par ailleurs « des efforts que le Sénégal fait pour son secteur éducatif », citant entre autres exemples les reformes attendues dans l’enseignement secondaire et qui méritent d’être « soutenues, car elles constituent l’élément fondamental d’une économie de services ».
Pour M. Makhtar Diop, “la construction d’institutions fortes et durables et l’émergence d’une ressource humaine de forte capacité vont de pair avec une exigence de redevabilité et de réduction des inégalités” marquées au Sénégal par “la marginalisation d’une frange de la population qui ne bénéficie pas d’un partage équitable des richesses” , constituant ainsi “une menace à ne pas ignorer”.
Le vice-président de la Banque mondiale a par ailleurs évoqué la nécessité d’une « croissance dans des secteurs créateurs d’emploi, y compris dans le secteur informel », invitant le pays à “augmenter de façon significative les ressources allouées au secteur agricole, … un des piliers du Plan Sénégal Emergent”.
Au centre du développement agricole, M. Makhtar Diop place la relance du secteur manufacturier, à la faveur d’un ancrage du Sénégal “dans une dynamique régionale porteuse de croissance dans ce secteur avec, notamment les nouvelles connexions ferroviaires prévues en direction du Mali et le projet Banda sur l’énergie avec la Mauritanie”.
« Tout ce potentiel ne peut cependant se réaliser sans un environnement des affaires compétitif », poursuit le vice-président de la Banque mondiale, qui espère que “les indicateurs relatifs au climat des affaires seront nettement améliorés, avec la mise en œuvre immédiate des décisions issues du Conseil présidentiel de l’Investissement de 2012 pour un nouveau Programme de Réformes de l’Environnement des Affaires et de la Compétitivité dans les deux prochaines années”.
A cet égard, “la position géographique favorable du Sénégal, notamment par rapport à l’Europe, est un avantage”. Pour en bénéficier en totalité, “les infrastructures doivent être renforcées et les procédures pour le mouvement des biens et services, simplifiées”.
Et M. Makhtar Diop de promettre “l’appui du Groupe de la Banque mondiale” pour vous accompagner dans la mise en œuvre des Partenariats-Public-Privé qui, de l’avis de la Banque, “ont sans conteste eu des effets sur la croissance”.
Il faut rappeler que le « Plan Sénégal Emergent » – qu’une importante délégation sénégalaise, dirigée par le chef de l’Etat, M. Macky Sall , défend face aux bailleurs de fonds présents à la réunion de deux jours du Groupe consultatif de Paris -, comporte une vingtaine de projets inscrits dans les secteurs de l’agriculture, de l’éducation, de la santé, des infrastructures et du tourisme.
Dans le secteur agricole, le Sénégal se propose de construire une usine de dessalement de l’eau de mer, en eau potable et d’irrigation, mettre en place 100 à 150 fermes agricoles de production de fruits et légumes, du lait et de produits avicoles, tandis que le développement et l’intensification des bassins agricoles irrigués seront destinés à la production de céréales (riz, maïs, mil).
Au titre des infrastructures, la ville de Dakar attend d’être desservie par une ligne de tramway longue de 35 km, tandis que le tronçon de voie ferrée Dakar-Kidira (ville frontalière avec le Mali – 644 km) sera réhabilitée et deux nouvelles lignes de chemin de fer relieront, d’une part Dakar à Falémé (Mali), en passant par les villes sénégalaises de Tambacounda et Kédougou.
D’autre part, la capitale sénégalaise sera reliée au nouvel aéroport Blaise Diagne, à Diass (42 km de Dakar), tandis que les villes de Bargny (30 km) et de Kaolack (189 km) seront dotées respectivement d’un port minéralier et d’un port sec.
Dans le domaine de l’éducation et de la formation, une deuxième université sera érigée dans la capitale, ainsi qu’un Centre d’enseignement supérieur de référence appelé « Dakar Campus international », tandis que la Cité du Savoir sera implantée à Diamniadio (35 km) de même que tous les campus du Sénégal seront dotés de nouvelles résidences universitaires.
Quant aux projets touristiques, ils concernent l’aménagement des sites touristiques de Mbodiène et de Pointe Sarène, ainsi que celui de l’île de Joal Finio (“île aux coquillages”) long de 800 m.
Mais le développement du tourisme des affaires n’échappe pas au Plan Sénégal Emergent qui prévoit autour de la zone de l’aéroport Blaise Diagne une Cité des affaires de 220 hectares destinée à l’implantation des quartiers généraux des multinationales et des entreprises régionales, non loin d’une Zone économique intégrée.
La Santé est également prise en compte dans les projets du PSE, avec la réhabilitation de l’hôpital Aristide Le Dantec de Dakar, le Centre hospitalier doté du plus gros potentiel en ressources humaines et la construction et l’équipement d’un Institut du cancer.