Par Craig Urquhart
Traduire par Oumar Diouck
Pour les millions de Sud-africains qui pleurent la mort du géant de la boxe Muhammad Ali, c’est aussi une occasion de réfléchir sur le lien privilégié qu’a connu “le Meilleur” (plus grand) avec Nelson Mandela.
Le jeune avocat de Johannesburg était un fin boxeur avant son emprisonnement pendant 27 ans en 1963 – juste au moment où la brillante carrière d’Ali décollait. Pendant les longues années de son incarcération à Robben Island, Mandela et de nombreux héros de mouvements de libération Sud-Africains suivaient les carrières du grand trio de boxe de l’époque – Ali, George Foreman et Joe Frazier. Juste quelques mois après sa libération en 1990, Mandela, devenu icone mondiale, avait exprimé son désir de rencontrer ces géants américains lors de son premier voyage aux USA.
Avant son discours au siège des Nations Unies à New York en 1990, Frazier l’introduit, avec en gaine son titre le plus important – La ceinture de champion du monde poids lourd qu’il avait reçu après avoir vaincu Ali en 1971.
Au cours de sa visite à la maison blanche quelques jours plus tard, Mandela déclare aux reporters “que le seul regret de toute sa vie, c’est qu’il n’est jamais devenu champion du monde poids lourd”.
Aussitôt après, l’Afrique du Sud surprend le monde entier, après avoir vécu sur la corde raide d’une féroce guerre raciale, en choisissant Mandela comme premier président du pays, démocratiquement élu. Lors de la visite d’Ali à Johannesburg et Durban, son héros lui a témoigné toute son affection.
Durant sa présidence, Mandela adorait une photographie de lui-même, accroché à son bureau, croisant amicalement les gants avec Ali. Il a aussi beaucoup aimé son livre favori, une copie autographiée de l’œuvre autobiographique d’Ali, “le meilleur de tous les temps”.
Lorsque Mandela meurt en 2013, Ali exprime ces propos émouvants: «Il avait une vie pleine d’ambition et d’espoir, espoir pour lui-même, son pays et pour le monde entier».
Il a inspiré beaucoup d’autres à atteindre ce qui leur semblait impossible et les a incités à casser les barrières qui les enfermaient mentalement, physiquement, socialement et économiquement. Il nous a fait comprendre que c’est à nous de veiller sur nos frères et que la fraternité n’a pas de couleur.
“Ce que je retiendrai de Mr. Mandela, c’est de quelqu’un dont le cœur, l’âme et l’esprit ne pouvaient être confinés ou restreints par les injustices raciales et économiques, les grilles d’une prison ou le poids de la haine et de la vengeance. Il nous a enseigné le pardon à grande échelle. C’était un esprit né libre, destiné à planer au-dessus des arcs-en-ciel. Aujourd’hui, son esprit plane au ciel. Il est à jamais libéré”.
Samedi, le PDG de la Fondation Nelson Mandela Sello Hatang, a rendu hommage au vieil ami de Mandela, disant que le lauréat du prix Nobel avait un “grand respect pour son héritage et commentait avec admiration les réalisations d’Ali.»
Les deux géants du 20e siècle ne sont peut-être plus des nôtres, ils ont quand même fait de ce monde un endroit meilleur.
Photo credit: Startrak