Color of Change veut que Department of Homeland Security se désengage des prisons privées

Posté dans : Etats-Unis

 

Le Département de la Justice vient d’annoncer son futur désengagement avec les prisons privées – mais le complexe industriel carcéral est loin d’être terminé. Le Department of Homeland Security (DHS) – principal client de l’industrie carcérale privée – va continuer à gérer 155 centres de détention et de police des frontières de l’Immigration and Customs Enforcement (ICE), en vertu de contrats avec les prisons privées, alimentant un système vicieux d’incarcération à profit et une machine politique qui veut s’assurer que l’incarcération de masse continue d’exister.

Cette annonce du DOJ est un grand bond en avant – mais nous n’empêcherons pas les sociétés de profiter de l’incarcération des Noirs si le DHS et ICE ne coupent pas aussi leurs liens avec les prisons privées. Et avec des sujets sur le DOJ figurant à la une d’articles nationaux, l’on exerce déjà une pression sur le DHS pour qu’il suive son exemple.

Dès l’annonce du DOJ, les stocks du Corrections Corporation of America (CCA) et GEO Group – les deux principales sociétés de prisons privées – ont chuté de près de 40 pour cent. Cela fait beaucoup, mais pas assez pour faire une brèche dans leur budget de lobbying de plusieurs millions de dollars. Depuis 1989, l’ACC et le GEO ont dépensé plus de 35 millions de dollars dans le lobbying et le soutien aux campagnes politiques pour maintenir les noirs en prison. Ils ont plaidé pour des peines plus longues, des règles “three-strikes” et des lois anti-immigration comme la célèbre loi sur le profilage racial en Arizona. Mettre fin aux entreprises pénitentiaires privées signifie l’arrêt d’une machine politique avec un seul intérêt: le maintien d’un système axé sur le profit du fait de maintenir les noirs en prison.

Le Département of Homeland Security est le principal bailleur de l’industrie carcérale privée. Sa cession nous rapprocherait plus de la fin des prisons privées que de celle du DOJ. Seulement huit pour cent des prisons fédérales et étatiques combinées sont gérées par des entreprises à profit – alors qu’un immense 62 pour cent des centres de détention des services d’immigration sont à but lucratif. Si le DHS se désengage des prisons privées maintenant, l’impact sur l’industrie de la prison privée et son pouvoir politique aurait été encore plus dévastateur.

Les prisons privées sont les lieux d’incarcération les plus horribles. Les centres de détention d’ICE où croupissent des individus sans papiers, des familles et même des enfants sont dans des conditions horriblement inhumaines et violent régulièrement les droits civiques et humains. Les femmes et les enfants sont obligés de dormir sur des sols froids, manger de la nourriture infestée d’asticots, vivre sans le minimum de protection sanitaire, et les femmes sont trop souvent agressées sexuellement par des gardes. Les installations sont si mal entretenues que beaucoup sont morts dans ces centres de détention. Même le rapport fédéral qui a provoqué l’annonce par le ministère de la justice a constaté que les prisons privées gérées par des sociétés sont moins saines et sûres.

Les entreprises ne devraient pas profiter de l’incarcération de masse et de la souffrance des noirs.

Les centres de détention d’ICE détiennent également nombre d’individus noirs sans papiers en raison du profilage racial anti-noirs, les interventions policières excessives et l’incarcération. Les immigrants noirs menacés de toute sorte de condamnation pénale ou qui tentent de demander l’asile aux États-Unis sont plus susceptibles de supporter le poids de la déportation et la détention qui les expose le plus au système carcéral privé.

D’après la traduction de Oumar Diouck

 

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