Addis-Abeba, Éthiopie (PANA) – Le Soudan du Sud a célébré hier le troisième anniversaire de son accession à l’indépendance, dans un contexte de crise et d’incapacité à instaurer une société harmonieuse.
Affirmant que son gouvernement est déterminé à parvenir à un règlement pacifique de la crise civile que connaît le pays, le président Salva Kiir a exprimé le regret que le nouvel état soit plongé dans une impasse politique si peu de temps après l’indépendance, attribuant la responsabilité de la crise à l’opposition armée.
Les pourparlers pour mettre un terme pacifiquement à la crise politique actuelle qui avait débutée comme une rébellion interne au sein du Mouvement Populaire de Libération du Soudan au Pouvoir (SPLM), sont au point mort après une grève de l’opposition en fin juin qui a permis à la crise civile de se poursuivre.
Les deux parties aux pourparlers de paix à Addis-Abeba, en Éthiopie, ont accepté de cesser les combats et de résoudre les divergences politiques par les seuls moyens pacifiques à l’issue d’un accord de cessez-le-feu paix signé le 9 mai 2014, portant les espoirs de millions de gens pris dans le conflit.
Mais les espoirs semblent avoir disparu vu que les deux parties au conflit ont durci leurs exigences politiques.
« Les Soudanais du Sud sont des gens de dernière minute. Ils vont finir par parvenir à un accord », a déclaré M. Ezekiel Gatkuoth, l’un des quatre hauts prisonniers politiques libérés après des mois de pression politique sur le gouvernement du président Kiir.
L’opposition sud-soudanaise souligne qu’il n’y aura de retour à la coexistence pacifique qu’au cas où le gouvernement s’engage à « une véritable réconciliation » et entame des négociations sur une structure de gouvernance fédérale prévoyant le transfert de ressources aux populations.
« Les ressources doivent atteindre les communautés locales. Nous devons acheminer les ressources vers les populations dans les villages », a déclaré Gatkuoth, un ancien ambassadeur sud-soudanais auprès de l’ONU, qui avait été accusé par le gouvernement du président Kiir d’amasser des fonds pour l’opposition.
« Nous n’avons pas de meilleures institutions pour mettre en œuvre les réformes que nous désirons. La population est déçue par les leaders », a déclaré Gatkuoth.
Le président Kiir a déclaré au cours d’un récent sommet des dirigeants africains à Malabo, en Guinée équatoriale, que le Soudan du Sud est, également, très préoccupé par la violence en Afrique et est encore plus embarrassé par le fait d’être l’un des premiers pays à tomber dans ce piège.
Au cours des célébrations pour marquer le troisième anniversaire de l’indépendance, mercredi, le président Kiir a décrit les appels à une structure fédérale de gouvernement comme une menace pour l’unité et a accusé les opposants d’utiliser les clivages ethniques et le régionalisme pour créer des divisions.
En trois ans, les politiciens sud soudanais n’ont pas pu parvenir à bâtir des institutions de l’État.
Accusant le gouvernement de créer des divisions entre les tribus, l’opposition l’accuse également de mauvaise gestion de près de 1,5 milliard de dollars américains, représentant les revenus mensuels tirés de l’exportation de pétrole.
Le président Kiir qui s’est félicité du déploiement de la force de protection de l’Afrique de l’Est, comprenant des troupes de l’Éthiopie, du Kenya et du Rwanda, a déclaré qu’il va créer un meilleur environnement pour améliorer les négociations de paix.
« Je m’engage à un règlement pacifique et j’ai ordonné la suspension des procédures pénales à l’encontre des putschistes dans l’intérêt de la réconciliation nationale », a déclaré M. Kiir lors de la session du conseil de paix et de sécurité de l’Union Africaine.
Amnesty international et d’autres groupes de défense des droits ont déclaré, mardi, que le mépris persistant pour les règles en matière de guerre au Sud-Soudan a conduit à des violations massives des droits de l’homme.