Afrique: un leadership fort pourrait diminuer les conflits sur le continent

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Kigali, Rwanda (PANA) – L’Afrique pourrait éviter plusieurs de ses conflits récurrents et destructeurs si elle avait un leadership engagé et fort, selon des personnalités africaines qui ont oeuvré à ramener la paix et la stabilité sur le continent.

En participant à une discussion à Kigali sur le rapport d’un panel de haut niveau sur les Etats fragiles intitulé: « Mettre fin aux conflits et construire la paix en Afrique », les ex-présidents Olusegun Obasanjo du Nigeria et Thabo Mbeki de l’Afrique du Sud ont fait remarquer que les dirigeants du continent n’étaient pas déterminés à prendre des décisions difficiles sur les situations de conflit.

« Je crois que se débarrasser des conflits dépend du leadership, mais nous avons un déficit en la matière en Afrique », a déclaré M. Obasanjo tandis que M. Mbeki a ajouté: « En vérité, il n’y a pas eu de discussion honnête entre les dirigeants africains sur les causes des conflits sur le continent ».

La discussion, à laquelle ont également participé le président rwandais Paul Kagamé et l’ex-dirigeant du Botswana Festus Mogae mardi soir, entrait dans le cadre des réunions annuelles de la Banque Africaine de Développement (BAD).

Si les leaders du continent appliquaient la politique et la gouvernance adéquate, selon M. Obasanjo, ils pourraient éliminer un nombre important de conflits. « Si vous ne résolvez pas les conflits à temps, ils s’enveniment et deviennent dangereux », a-t-il expliqué, en faisant allusion aux diverses situations de conflit dont il s’est occupé dans la région ouest-africaine et dans son propre pays, y compris la rébellion de Boko Haram.

« Les conflits n’éclatent pas du jour au lendemain », a indiqué M. Obasanjo, en qualifiant d’erreur de jugement la décision de la BAD d’approuver un crédit de 25 millions de dollars pour l’électrification de la capitale du Soudan du Sud, Juba, un peu avant que le pays ne sombre dans sa dernière crise en décembre 2013.

Il a déclaré que les signes de ce conflit étaient déjà visibles dans le démantèlement des institutions étatiques qui ont précédé les affrontements inter-tribaux.

Sur le Soudan du Sud, M. Mbeki a déclaré que ce dernier était évitable, tout en notant qu’il avait pour origine « l’échec de tout le leadership du pays ». « Au Soudan du Sud, vous avez un leadership qui en réalité était égoïste, se disputant pour le pouvoir et dont les querelles ont débouché sur une guerre », a-t-il affirmé, accusant les dirigeants du plus jeune pays d’Afrique de « pousser les communautés locales à se battre les unes contre les autres ».

M. Mbeki a révélé que les mêmes causes pouvaient être attribuées au conflit faisant rage en République centrafricaine, un pays qui pendant plusieurs années a souffert de la « passivité de son leadership ».

Pour sa part, M. Kagamé a déclaré: « Nous avons discuté pendant si longtemps des conflits et, en vérité, nous avons de bonnes idées pour que ces conflits soient résolus ».

En soutenant qu’il y aurait toujours de nouveaux genres de conflits ainsi que de nouvelles causes de conflit, M. Kagamé a poursuivi: « En tant que leaders, nous devons assumer la responsabilité de notre échec à faire face à ces situations. Il n’y a pas de solution miracle à ces conflits et aucun dirigeant ne peut les résoudre seul ».

« Il n’est pas normal que nos dirigeants ne puissent pas se réunir pour résoudre les problèmes de nos populations. Les leaders africains ne devraient pas être invités hors du continent pour résoudre nos problèmes. Nous devons nous réunir et nous occuper de nos propres problèmes », a indiqué le président rwandais. Dans les états fragiles, M. Kagamé a suggéré que la sécurité soit la priorité en tant que bien public afin que les forces de sécurité puissent gagner la confiance de tous les citoyens.

Le panel de haut niveau de huit membres sur les états fragiles en Afrique a été mis sur pied à l’initiative du président de la BAD, Donald Kaberuka, pour passer en revue les sources probables de fragilité sur le continent et faire des recommandations sur la manière de les surmonter.

Dirigé par la présidente libérienne, Ellen Johnson-Sirleaf, ce panel avait la tâche d’orienter les prochaines stratégies de la Banque sur la fragilité en Afrique. D’autre part, M. Kaberuka a déclaré que la Banque devait se doter d’une facilité spéciale pour aider les pays sortant d’une situation de conflit à éponger leurs dettes, renforcer leurs capacités internes et relancer leur développement.

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