Blantyre, Malawi (PANA) – Victor Sithole, l’assistant comptable du gouvernement malawite, qui est devenu le deuxième condamné dans l’affaire du « cashgate », pillage systématique de millions de dollars du Trésor, a été condamné la semaine dernière à neuf ans de prison assortis de travaux forcés par un tribunal d’instance dans la capitale, Lilongwe.
Il a été condamné pour blanchiment d’argent, possession illégale de devises et pour possession de biens apparemment volés.
Le président du tribunal, Patrick Chirwa, a condamné le jeune fonctionnaire de 28 ans – trouvé en août 2013 en possession d’un montant douteux de 112 millions de kwachas malawites (environ 23.000 dollars), de 31.000 dollars et de 127.000 rands sud-africains (environ 12.000 dollars) – à sept ans de prison pour blanchiment d’argent, à un an pour possession illégale de devises et à un an pour avoir été trouvé en possession de biens soupçonnés d’avoir été volés.
Les peines sont administrées de manière consécutive, ce qui veut dire qu’il va purger une peine totale de neuf ans.
« Son arrestation a été le point de départ de ce qui a été surnommé le « cashgate ». Elle avait été précédée un mois auparavant de la tentative d’assassinat de l’ex-directeur du Budget, Paul Mphwiyo, qui avait révélé toute l’affaire du « cashgate ». Subitement dans tout le Malawi, des millions en espèces de diverses coupures, en kwacha du Malawi, en rand sud-africain et en dollar américain, ont commencé à être retrouvées dans des endroits improbables comme des coffres de voiture, des poupées, sous des lits ou des oreillers.
Les suspects évitaient le secteur bancaire officiel puisque ces sommes d’argent inexpliquées auraient pu faire froncer les sourcils.
Dans le « cashgate », des hommes d’affaires et des hommes politiques étaient de mèche avec des fonctionnaires pour détourner des millions de dollars du système de paiement gouvernemental dénommé système intégré de gestion financière (Ifmis) pour effectuer des paiements pour des biens et services non rendus au gouvernement.
L’ex-présidente Joyce Banda, avec l’aide du gouvernement britannique, a recruté la société d’audit Baker Tilly pour auditer l’IFMIS. L’audit a révélé qu’au moins 13 milliards de kwachas malawites (environ 30 millions de dollars) avaient été détournés.
Ce chiffre a depuis été révisé à 24 milliards de kwachas (plus de 60 millions de dollars).
Plus de 70 fonctionnaires et hommes d’affaires sont actuellement devant les tribunaux pour répondre à des accusations liées au « cashgate » allant du vol, au détournement par des fonctionnaires en passant par la possession de biens présumés volés, la fraude et le blanchiment d’argent.
La première a être condamnée dans le cadre du « cashgate » a été l’ex-Secrétaire générale du ministère du Tourisme, Tressa Namathanga Senzani, qui a été condamnée à trois ans de prison.
Les agences et pays donateurs, qui financent au moins 40 pour cent du budget du Malawi, ont réagi en gelant l’aide budgétaire d’un montant de 150 millions de dollars à la suite du « cashgate », le pire scandale financier du Malawi en cinquante ans d’indépendance.
Même si elle n’a pas directement été indexée, ce scandale a pu coûter à Mme Banda – la deuxième femme présidente d’Afrique – les élections du 20 mai.