Blantyre, Malawi (PANA) – La Police du district central de Kasungu, au Malawi, a arrêté, dimanche, Oswald Lutepo, le principal suspect dans le scandale du pillage systématique des ressources du gouvernement, surnommé «cashgate ».
Cette arrestation fait suite à des allégations de Lutepo selon lesquelles de hauts responsables gouvernementaux étaient derrière le scandale dans lequel des hommes d’affaires étaient de connivence avec des fonctionnaires et des politiciens pour escroquer le gouvernement par le biais de paiements de biens et services non rendus au gouvernement.
Le procureur de la Police de Kasungu, Rodwell Ziyaya, a confirmé l’arrestation de Lutepo, en disant que « M. Lutepo a été arrêté pour parjure ».
Dans un exposé cinglant publié dans deux grands journaux en fin de semaine, « Malawi News » et « Week-end nations », Lutepo, membre de la direction de l’ancien parti au pouvoir et un de ses principaux financiers, prétend qu’il a été menacé et qu’il lui a été demandé d’impliquer des hauts fonctionnaires du gouvernement de l’ex-administration Joyce Banda, tout en protégeant d’autres.
Il a affirmé qu’il a été averti que s’il refusait de jouer le jeu, il serait impliqué dans l’assassinat de l’ancien directeur du Budget, Paul Mphwiyo.
«On m’a dit, en termes clairs, que le gouvernement en voulait à l’ancien ministre de la Justice, Ralph Kasambara. On m’a dit que je devais coopérer pour m’assurer que Ralph Kasambara soit impliqué dans le cas de cashgate », écrit-il dans la lettre adressée au Procureur général Kalekeni Kaphale et avec copies au juge en chef Anastasia Msosa et aux ambassades occidentales.
L’assassinat de Mphwiyo le 13 septembre 2013 a révélé le scandale. Peu de temps après cet assassinat, Banda a déclaré que le jeune technocrate avait été ciblé parce qu‘il participait à la croisade contre la corruption.
Après l’assassinat, d’énormes caches d’argent, en Kwacha malawite, en dollars américains et en rands sud-africains ont commencé à apparaître dans des endroits inimaginables comme des coffres de voiture, sous les oreillers ou des poupées.
Un audit réalisé par le cabinet d’audit britannique Baker Tilly a révélé que dans l’ensemble, 13 milliards de Kwacha malawites (environ 30 millions de dollars américains) ont été détournés lors de ce scandale.
Au moins 70 suspects, dont Lutepo, ont été arrêtés et sont actuellement interrogés pour fraude et corruption par la justice.
Lutepo prétend, dans la lettre largement diffusée, que l’entente initiale était qu’il serait un témoin à charge contre des agents publics de haut rang dont le gouvernement pensait qu’ils étaient responsables du pillage massif des ressources publiques baptisé cashgate ».
« À la mi-décembre 2013, j’ai été convoqué pour répondre à l’honorable Fahad Assani (ministre de la Justice) à son domicile de province situé dans le district central de Nkhotakota. Lors de cette réunion, le ministre m’a mis en garde contre le fait de relier le chef de l’Etat (l’ancienne présidente Joyce Banda), sa famille et /ou le Parti du Peuple au pouvoir au scandale. Il a affirmé que mon silence va jouer un grand rôle dans la campagne présidentielle de 2014 », a-t-il poursuivi.
Contacté par la PANA, Assani s’est moqué des allégations de Letepo, en disant: « Lutepo tente de pré-négocier pour une accusation moins grave, c’est le fruit de son imagination ». Le Procureur général Kaphale a reconnu l’existence de la lettre mais a refusé de discuter de son contenu.
Par ailleurs, les pays et les organismes donateurs occidentaux ont suspendu environ 150 millions de dollars en appui budgétaire pour le Malawi en réaction au scandale financier qui est le pire du genre à frapper le Malawi en 50 ans d’indépendance.