L’église catholique s’oppose à l’ouverture d’un hôpital de réparation des séquelles de l’excision

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Ouagadougou, Burkina Faso (PANA) – Le gouvernement burkinabé a renoncé à accorder une autorisation pour l’inauguration, prévue le 7 mars 2014, d’un hôpital devant opérer les femmes victimes des mutilations génitales, suite aux pressions de l’église catholique, révèle une organisation internationale bénévole.

Unique en son genre, l’hôpital Kamkaso de Bobo-Dioulasso, dénommé « Hôpital de plaisir », financé par le Mouvement International Raélien (IRM), a pour vocation de réparer et de prendre en charge les femmes dont le clitoris a subi des traumatismes suite à l’excision.

S’exprimant au nom de l’IRM, la directrice de la structure, le Dr. Brigitte Boisselier, a révélé mardi que même si le gouvernement a vite renoncé à leur accorder l’autorisation des opérations chirurgicales sur place, les prestations seront gratuites en ce qui concerne les personnes victimes de MGF.

Justifiant l’importance et l’utilité de cette formation sanitaire, le Dr Boisselier « voit ainsi les victimes soulagées de leur mal, du moins physiquement », ajoutant que cela n’est malheureusement pas du goût de l’église et d’autres détracteurs de cette cause qui mènent actuellement une campagne de dénigrement au nom d’intérêts égoïstes.

Soulignant que l’hôpital va attaquer cette décision devant les tribunaux, le Dr Boisselier a dit qu’en attendant, toutes les opérations qui étaient prévues sur les MGF à l’hôpital de plaisir se feront désormais au Centre hospitalier universitaire « Sanou Sourou » de Bobo-Dioulasso, conformément au programme.

Défendant la décision du gouvernement, le ministre burkinabé de la Santé, Léné Sebgo, a expliqué à un délégué de AVFE, qui est un partenaire local, que « la demande d’une licence ne donne pas le droit de procéder à une inauguration, même si la demande d’ouverture de la structure date de 2011. »

Cela, a-t-elle expliqué, en dépit des assurances de la part des autorités aux niveaux national et régional qui ont fait croire que la structure pouvait ouvrir ses portes à partir du 7 mars 2014.

Citant une source officielle, le Dr Boisselier pense que « la pression de l’église explique à la fois le refus du gouvernement de leur octroyer la licence et la sortie de la Première dame du Burkina, Mme Chantal Compaoré, à l’occasion de la cérémonie d’ouverture de cette infrastructure ».

« En refusant cette inauguration, a expliqué le Dr Boisselier, l’église catholique encourage ainsi les exciseuses qui mutilent les femmes, ajoutant qu’au delà de sa vocation de réparation de l’organe génital féminin, l’hôpital de plaisir sera un prétexte pour décourager tous ceux qui perpétuent ces pratiques d’un autre âge, d’autant plus qu’il serait insensé de s’attaquer à un organe, sachant qu’il est toujours récupérable. »

« Toutefois, nous allons continuer à faire de notre mieux pour aider les victimes de l’excision à retrouver leur dignité de femme et à jouir entièrement de leur sexualité », a dit Boisselier.

« Ce sont ces mêmes criminels qui protègent les prêtres pédophilies et blanchissent l’argent dans les banques du Vatican », a dit le Dr Boisselier, fustigeant également « leur opposition au port du préservatif qui a causé des milliers de morts dus au VIH/SIDA. »

Soulignant que ces pressions ne font que les retarder dans l’exécution de leur noble tâche, les responsables de l’hôpital de plaisir affirment qu’ils se concertent avec leurs avocats pour attaquer cette décision par des voies légales.

« Nous comptons alerter l’opinion internationale à travers les représentations diplomatiques présentes au Burkina Fasso », a-t-elle fait remarquer.

Photo: Clitoraid.org

 

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