Charles Konan Banny, président de la Commission dialogue vérité et réconciliation
Abidjan, Côte d’Ivoire (PANA) – Deux ans après la fin de la crise post-électorale, la classe politique ivoirienne a renoué le fil du dialogue politique en initiant des discussions et en posant des actes pour aboutir à la réconciliation nationale.
Le premier acte à “caractère spécial et hautement symbolique”, selon le président de la Commission dialogue vérité et réconciliation (CDVR), Charles Konan Banny, va intervenir le 5 août dernier avec la libération provisoire accordée à 14 personnalités pro-Gbagbo détenues et poursuivies dans le cadre des enquêtes judiciaires sur les violences post-électorales de 2011.
M. Banny va souligner que cette “décision participe à la création et à l’instauration d’un climat encore plus propice à la réconciliation nationale” après les libérations provisoires de pro-Gbagbo intervenues en novembre 2011 et en décembre 2012.
Pour la Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations unies pour la Côte d’Ivoire, Aïchatou Mindaoudou, cette décision “favorise la reprise d’un dialogue national véritablement républicain en vue d’une réconciliation durable en Côte d’Ivoire”.
Le président du Front populaire ivoirien (FPI), Pascal Affi N’Guessan, fraîchement libéré, va exprimer la disposition de sa formation politique à reprendre le dialogue républicain subordonné à la satisfaction de certaines revendications.
“Nous sommes donc ouverts et nous demandons le dialogue. Le dialogue politique franc et sincère, parce que la Côte d’Ivoire souffre, les Ivoiriens souffrent. Ils aspirent à la paix, à la tranquillité, à la démocratie”, a dit M. Affi N’Guessan.
Le gouvernement ivoirien va poser un autre geste d’apaisement en décidant, le 20 septembre dernier, de ne pas exécuter le mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) à l’encontre de l’ex-Première dame, Mme Simone Ehivet Gbagbo.
Après des propos aigre-doux échangés par presse interposée sur l’opportunité de la tenue des états généraux de la République réclamée par le FPI, la rencontre du 9 décembre avec le Rassemblement des républicains (RDR, parti présidentiel) marque une volonté commune de faire avancer la réconciliation.
Le secrétaire général par intérim du RDR, Amadou Soumahoro, a indiqué que cet échange augure de lendemains meilleurs pour le dialogue politique avec le FPI.
Pour Pascal Affi N’Guessan, les deux formations sont condamnées à trouver des compromis pour la normalisation de la vie politique.
En visite d’Etat dans la région du Bélier du 11 au 14 décembre, le président ivoirien, Alassane Ouattara, a lancé à chacune des étapes, un appel à l’union, au pardon, au rassemblement et à la paix pour penser au développement du pays.
Il a même annoncé que les frères de l’opposition devraient rejoindre bientôt le gouvernement à la suite des négociations conduites par le ministre d’Etat, Jeannot Kouadio-Ahoussou.
Le 19 décembre dernier, une délégation du FPI conduite par le cinquième vice-président, Michel Amani NGuessan, a échangé avec le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, Hamed Bakayoko, sur les modalités pratiques de retour de leurs militants en exil et les garanties du gouvernement pour le faciliter.
Dans une interview accordée au quotidien gouvernemental “Fraternité Matin” du lundi 23 décembre, le porte-parole du gouvernement, Bruno Nabagné Koné, a estimé que le dialogue avec l’opposition se poursuit de la meilleure façon avec les discussions qui avancent dans le bon sens et la méfiance qui s’estompe peu à peu.
Photo: Abidjan.net