Ousmane Dramé with his two sons at the press conference
By Isseu Diouf CampbellLe 24 octobre 2014, deux frères sénégalais ont été brutalement battus à l’école élémentaire I. S. 318 située dans le Bronx pendant que les auteurs criaient « Ebola ». Cet incident, beaucoup craignent, n’est que la partie visible de l’iceberg.
Lors d’une conférence de presse organisée hier par l’association Sénégalaise, Ousmane Dramé, le père des deux enfants a expliqué que les brimades avaient commencé bien avant vendredi dernier.
« Tout s’est bien passé les trois premiers jours d’école. Après, les enfants ont commencé à les appeler « Ebola ». Puis l’incident de vendredi est arrivé. Ils ont été battus et il a fallu que je les emmène à l’hôpital. Un groupe de jeunes a attaqué le jeune frère Amadou, et quand il a commencé à hurler, son frère aîné Pape est venu à sa rescousse. Les enfants lui ont aussi sauté dessus. »
Amadou et Pape Dramé n’étaient pas les seuls enfants de la communauté sénégalaise à être ciblés, et le sénateur Bill Perkins qui était présent lors de la rencontre de presse n’a pas manqué de le signaler.
« La crise Ebola a évolué, passant d’une crise sanitaire à une crise de stigmatisation et d’intimidation dans nos écoles. »
Grâce à cette association (ASA) et les leaders de cette communauté, cette situation est en train d’être portée à votre attention. N’oubliez pas qu’il y a beaucoup de cas comme celui-ci dont nous ne sommes pas au courant, » a déclaré Perkins.
Souadou, une autre élève âgée de neuf ans qui est née et a grandi en Amérique a aussi été une victime à l’école. Elle se réveille chaque matin demandant à sa mère si elle a le virus Ebola.
« Ma fille n’arrête pas de me dire « Maman je ne veux pas mourir de la fièvre à virus Ebola » et je lui réponds » tu n’as pas Ebola, » Sokhna Seye a expliqué.
« Le système scolaire doit enseigner aux enfants ce qu’est le virus Ebola. Le virus Ebola n’est pas quelque chose d’amusant ou quelque chose que les gens choisissent de contracter. »
Et lorsque Mme Seye a contacté l’école de sa fille, Dream Charter School, insistant sur la nécessité de sensibiliser les parents au virus Ebola, la réponse de l’école était négative.
Les New-yorkais ont peur et la peur associée à l’ignorance a donné lieu à des actes de violence et de discrimination que de nombreux membres de la communauté trouvent très troublants.
« Le virus Ebola est en Afrique et ils ne devraient pas regarder les Africains ici comme des gens qui amènent Ebola dans ce pays. Les victimes du virus Ebola ont besoin de soins et d’assistance, » a déclaré Pape Dramé, le président de l’association sénégalaise.
Charles Cooper, président du Conseil Consultatif Africain du Bronx ne comprend pas comment ce type d’incident a pu se produire.
« Ces enfants sont censés être à l’école et ils sont censés être en sécurité. J’ai accompagné Ousmane à l’école pour parler aux administrateurs. C’est très malheureux parce qu’ils ne savent pas grand-chose. Ils pensaient que cet incident ne concernait qu’un seul des frères. Cela ne devrait pas se produire de nos jours. Nous n’avons pas besoin de crime haineux dans notre communauté « , a déclaré M. Cooper.
L’ignorance autour d’Ebola est en train d’affecter Sokhna Seye aussi bien à la maison qu’au travail. À la maison, elle doit réconforter et rassurer sa fille qu’elle n’a pas le virus Ebola en dépit de ce qu’elle entend à l’école. Au travail, la crainte d’Ebola est train de menacer son gagne-pain.
« J’ai eu samedi dernier une cliente venant de Connecticut pour se faire des tresses. C’est une cliente de longue date donc elle me connaît bien. Elle m’a dit que sur le chemin, une de ses amies lui a dit de ne pas aller dans un salon de coiffure Africain pour se tresse parce qu’elle pourrait y contracter Ebola. »
Le député Serrano qui espère que les New Yorkais vont changer de comportement a promis de continuer la lutte lorsque le Congrès s’ouvre à nouveau.
« En attendant, nous ne pouvons pas tolérer les brimades. Nous ne pouvons pas tolérer la stigmatisation, » a souligné Serrano.
Il n’a pas quitté les lieux sans donner un conseil aux journalistes.
« En ce qui concerne les médias, ne vous focaliser pas toujours lorsque vous entendez parler d’une situation sur les fractures ou attaques ou encore sur les marques visibles. Comprenez que lorsque vous êtes victime de discrimination, il y a automatiquement un effet psychologique. Il y a un effet psychologique non seulement sur les enfants, mais sur l’ensemble de la communauté. »