Une mesure de la commission anti-corruption du Nigeria pour appréhender et ensuite libérer un célèbre blogueur local, a soulevé le spectre de la répression sur les réseaux sociaux et la liberté de la presse dans ce pays de l’Afrique de l’Ouest.
Des agents de la commission de répression des crimes économiques et financiers, (Economic and Financial Crimes Commission, Efcc) ont arrêté tôt lundi, Abubakar Sidiq Usman »pour offenses liées au cyberharcèlement », mais il fut dans la journée libéré sous caution par la Commission.
Dans un communiqué, le porte-parole de l’Efcc, Wilson Uwujaren, a reconnu qu’Usman avait été arrêté chez lui à Abuja et « entendu sur un prétendu abus réprimé par la loi contre la cybercriminalité, (Cyber Crime Act). Le suspect a déjà bénéficié d’une liberté sous caution”.
Le blog d’Usman avait récemment publié des articles sur le patron de l’Efcc, Ibrahim Magu, sous le titre “Patron de l’Efcc, Magu lance une guerre totale contre le personnel permanent de l’Efcc”.
Un communiqué publié par Inibehe Effiong, un juriste et délégué de la Coalition des défenseurs des droits de l’homme (Human Rights Defenders, Cohrd) a indiqué que l’Efcc n’est pas habilitée à mener une enquête, arrêter, détenir ou inculper un individu pour un prétendu abus, à l’exception de crimes économiques ou financiers.
Il poursuit: “C’est donc un truisme d’annoncer que la mesure prise contre le blogueur a un lien avec le rapport critique qu’il avait publié contre le président de la commission. Le fait est que la Commission a donné un sacré coup à l’état de droit, à la démocratie et aux droits de l’homme. L’Efcc n’est pas au-dessus de la loi et ne peut agir comme un État dans un État.
“Les Nigérians ne sont prêts à tolérer aucune attaque effrontée, irresponsable et arrogante contre la liberté d’expression. Si Magu croit qu’une publication d’un blogueur à son encontre constitue une diffamation, il n’avait qu’à lui intenter un procès pour obtenir réparation.
« L’Efcc ne devrait pas servir d’instrument pour mener une vendetta personnelle. Magu ne devrait pas laisser son égo ternir la confiance de la population sur ses efforts de lutte contre la corruption”.
D’après la traduction de Oumar Diouck