A l’occasion d’une manifestation organisée au siège de l’ONU dans le cadre de la Décennie des personnes d’ascendance africaine, des experts des Nations Unies ont appelé à s’attaquer au racisme structurel qui porte atteinte aux droits fondamentaux de ces personnes.
« Un des premiers défis est de déconstruire, au niveau mondial, les éléments qui ont permis la construction dans un inconscient collectif du mythe accréditant l’idée d’une race supérieure et entraînant de fait la conviction d’une culture supérieure », a déclaré la Présidente du Groupe de travail d’experts sur les personnes d’ascendance africaine, Mireille Fanon-Mendes France, lors de cette manifestation intitulée «Affronter le silence : perspectives et dialogue sur le racisme structurel à l’encontre les personnes d’ascendance africaine à travers le monde ».
Selon l’experte, les Etats ont pour responsabilité de donner l’impulsion politique nécessaire au niveau international pour lutter contre « ce processus d’invisibilité et d’infériorité ».
« Une des premières décisions serait de réactiver la Déclaration sur la question des races élaborée par l’UNESCO en 1950 », a ajouté Mme Fanon-Mendes France, rappelant que les scientifiques y soulignaient que « la ‘race’ n’est pas tant un phénomène biologique qu’un mythe social » et que ce mythe avait « créé d’énormes dégâts humains et sociaux ».
Le rapporteur spécial sur les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et d’intolérance, Mutuma Ruteere, a également souligné le rôle que peuvent jouer les Etats pour s’attaquer à ce racisme structurel.
« Le profilage racial est prévalent chaque jour dans les pratiques des forces de l’ordre » et « porte atteinte aux droits fondamentaux des individus », a-t-il estimé, soulignant qu’en Europe, les minorités, dont les Roms, sont affectés par ce profilage racial, comme les personnes d’ascendance africaine.
Selon M. Ruteere, un certain nombre d’Etats ont fait des efforts pour combattre ce phénomène grâce à l’adoption de lois, l’établissement de cadres institutionnels appropriés de supervision et la mise en œuvre de projets de formation et de sensibilisation.
« J’encourage les Etats qui n’ont pas promulgué de lois spécifiques interdisant l’usage de profilage racial et ethnique à l’envisager sérieusement afin de lutter contre l’impunité », a-t-il dit.
L’expert a également encouragé les Etats à collecter des statistiques pour prouver l’existence et l’ampleur du profilage racial et ethnique.