ASA et ABISA facilitent le rapatriement de trois corps de migrants vers le Sénégal

Photos and video: Isseu Diouf Campbell

Les corps sans vie de trois Sénégalais ont été rapatriés à Dakar ce dimanche. Âgés de 25 ans, ces jeunes avaient pris la route de la migration vers les États-Unis en passant par la route du Nicaragua. Un voyage qui s’est soldé par leur mort. Leurs dépouilles sont arrivées le 19 Avril 2024, à l’aéroport international de Blaise Diagne grâce à l’appui financier de deux organisations de la diaspora sénégalaise basées aux Etats-Unis à savoir l’Association des Sénégalais d’Amérique (ASA) et le Bureau africain pour l’immigration et les affaires sociales (ABISA).

Code NGom, Ndongo Sarry et Abdoulaye NDoye rêvaient d’une vie meilleure qu’ils espéraient pouvoir réaliser aux États-Unis. C’est ainsi qu’ils ont quitté le Sénégal comme des milliers de jeunes sénégalais ces dernières années. Ils ont réservé un billet pour le Nicaragua, se sont débrouillés pour arriver à la frontière américaine et sont arrivés à New York. Ils ne savaient pas que quelques mois plus tard, ils rentreraient dans leur pays d’origine dans un cercueil.

Les cousins Ndongo Sarry et Abdoulaye NDoye, tous deux âgés de 25 ans, ont été retrouvés morts dans les bois, dans la ville de Moers, couverts de neige près de la frontière canadienne par des agents de patrouille frontalière le 25 mars 2024. Après quelques mois à New York sans emploi, ils avaient décidé de tenter leur chance ensemble au Canada, espérant une meilleure chance. Une aventure qui se terminera tragiquement. Ils sont morts tous les deux d’hypothermie (une exposition à un environnement humide et froid), selon la police de l’État de New York.

Code NGom, un autre migrant sénégalais, a été retrouvé mort le 24 mars 2024 dans un refuge de New York situé à Brooklyn. La cause de son décès n’est pas encore connue.

 

L’appui de l’ASA et d’ABISA pour le rapatriement des corps

Mamadou Dramé, président de l’Association des Sénégalais d’Amérique (ASA) basée à Harlem, qui avait promis aux familles des défunts qu’il ramènerait leurs corps au Sénégal, a exprimé sa désolation.

“C’est une crise”, a déclaré M. Dramé lors d’une interview à l’aéroport international Blaise Diagne au Sénégal avec Africain Harlem. Pour lui, « passer par la frontière était quelque chose de familier pour les citoyens d’Amérique latine et du Sud, mais ces dernières années, nous avons vu de plus en plus d’Africains entrer dans le pays de cette manière. L’itinéraire du Nicaragua est nouveau, mais les Africains ont commencé à franchir la frontière vers 2016. Je me souviens que ceux qui ont obtenu une autorisation de travail à l’époque l’ont obtenue avec l’aide de l’association. Beaucoup d’entre eux réalisent maintenant que l’Amérique n’était pas ce qu’ils imaginaient. Ils ne peuvent pas imaginer dépenser 6 ou 7 millions de francs CFA pour venir à New York et dormir dans le train, dans la rue ou même dans un refuge. »

Mamadou Dramé, qui a été accueilli à l’aéroport par des membres de la diaspora dont Bath Niang, Omar Ly, Adja Soukeina NDoye et Birima, estime que « ce drame s’est produit parce que les migrants sénégalais n’ont pas les bonnes informations. « 

Poursuivant, il a affirmé qu’ »on ne peut pas venir à New York, aller à Times Square et poster de belles vidéos sur les réseaux sociaux pour faire croire aux gens que l’Amérique est géniale, tout en ne montrant pas l’autre côté de l’Amérique”.

À en croire le président de l’Association des Sénégalais d’Amérique “certains exploitent ces migrants. Ils gagnent beaucoup d’argent en peignant de belles images et en vendant des billets tout en sachant que les migrants vont galérer. Cela doit cesser. Si nous ramenons des corps de l’Amérique, c’est parce que ces jeunes n’ont pas les bonnes informations. Si vous avez 6 ou 7 millions de francs CFA, vous devriez envisager de faire autre chose avec cet argent. Je ne dis pas de ne pas venir en Amérique, mais venez légalement avec un visa ; cela rendrait votre vie beaucoup plus facile.”

Après une collecte de fonds dans la communauté et l’aide du Bureau africain pour l’immigration et les affaires sociales, l’ASA a pu couvrir les frais des funérailles et du voyage de retour au Sénégal.

“Tous ceux qui viennent dans notre bureau en Amérique demandant de l’aide, nous les aidons, car ce sont nos frères et sœurs”, a déclaré Adja Soukeina NDoye d’ABISA. Cette dernière informe qu’ils ont créé un fonds d’aide lorsqu’ils ont réalisé qu’il y avait des corps qui ne pouvaient pas revenir au pays pour des raisons financières. « La seule chose qu’une famille a après la mort d’un être cher est de voir le corps revenir afin qu’ils puissent l’enterrer correctement et prier pour lui. C’était un plaisir de travailler avec Mamadou Dramé pour aider à ramener ces trois corps chez eux ”, a-t-elle expliqué.

 

La reconnaissance des familles éplorées

Alors que les deux organisations l’ASA et ABISA ont fait tout le travail nécessaire du côté américain, Aicha Touré, députée sénégalaise, s’est assurée que les corps des défunts arriveraient à leurs destinations finales : Niague pour Ndongo Sarry et Abdoulaye NDoye et Dakar pour Code NGom. “Mamadou Dramé et Adja Soukeina NDoye ont fait tout ce qu’ils pouvaient aux États-Unis pour ces jeunes ; le moins que nous puissions faire est d’être présents à l’aéroport et de faciliter les choses au Sénégal. Ce sont nos frères, et nous ne savons pas de qui sera le tour demain, donc c’était un honneur pour moi de les aider « , a soutenu la parlementaire.

De leurs côtés, les membres de la famille des défunts attendaient à l’extérieur de la zone fret de l’aéroport Diass. Ils sont venus chacun voir Mamadou Dramé, Aicha Touré et Adja Soukeina NDoye pour exprimer leur gratitude. “Ce n’est pas facile de faire face à une telle tragédie et de voir quelqu’un qui est prêt à faire autant pour nous”, a avoué un représentant de la famille Ngom. Ajoute t-t-il : « Nous sommes éternellement reconnaissants. Au nom de la famille Ngom, nous vous remercions du fond du cœur. » Des remerciements unanimes de la part de toutes les familles. « Beaucoup d’entre nous sont des immigrés, mais nous sommes en Italie. Si cela s’était passé en Italie, nous aurions su comment nous en occuper, mais en Amérique, nous n’avions personne et étions très inquiets. Mais Dieu nous a connectés avec quelqu’un qui a pu tout prendre en charge pour nous, donc nous vous remercions pour tout ce que vous avez fait pour toutes les familles « , a partagé un autre membre de la famille.

 

Les jeunes à la recherche d’emplois

Depuis 2021, New York a accueilli plus de 150 000 migrants venant de tous les coins du monde. Les premiers arrivés ont eu la chance de trouver des emplois au noir car beaucoup n’avaient toujours pas l’autorisation de travailler aux États-Unis. Un marché maintenant saturé rend de plus en plus difficile pour les nouveaux arrivants de trouver un emploi qui leur permettrait de trouver un logement décent et de prospérer à New York et dans d’autres villes américaines. Le manque d’emploi, le principal défi pour les jeunes Sénégalais et Africains en général, les pousse vers la mer, le désert et plus récemment vers le Nicaragua. Bien que le nombre exact de décès soit inconnu, beaucoup espèrent que cela s’arrêtera et que l’élection d’un nouveau gouvernement au Sénégal créera des emplois et redonnera de l’espoir aux jeunes afin qu’ils ne voient pas le fait de risquer leur vie comme étant la seule option pour réussir.

 

 

 

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