Ousmane Sonko : Enfin libre !

Le chef de l’opposition sénégalaise Ousmane Sonko a été libéré le 8 mars 2021 d’une détention que son avocat dit n’aurait pas dû dépasser 48 heures.

Sonko a été arrêté le 3 mars 2021 alors qu’il se rendait au tribunal pour répondre à des allégations de viol. Il est accusé de troubler l’ordre public et d’avoir participé à une manifestation non autorisée. Son arrestation a déclenché 5 jours de manifestations dans le pays et dans la diaspora, faisant plus de 10 morts.

Quelques heures après sa libération, Sonko a tenu une conférence de presse avec plusieurs autres dirigeants de l’opposition, dont Khalifa Sall, qui avait été arrêté sous le régime de Macky Sall en 2017 avant de se voir accorder une grâce présidentielle après les élections présidentielles de 2019.

Sonko accuse le président Macky Sall ainsi que son ministre de l’Intérieur Antione Felix Diong, son ministre de la Justice Malick Sall et le procureur Serigne Bassirou Gueye, d’avoir fomenté les allégations de viol et son arrestation.

« Certains soi-disant experts considèrent Macky Sall un génie politique », a déclaré Ousmane Sonko. « Un génie politique parce que vous pouvez comploter contre votre adversaire. Un génie politique parce que vous pouvez acheter votre adversaire au point où quand il parle, vous ne le reconnaissez même plus. Nous avons besoin d’un génie d’état. Quelqu’un qui, une fois élu, fera le travail. C’est ce dont nous avons besoin ! Nous n’avons pas besoin de génie politique. »

« Cela fait 9 ans que Macky Sall a été élu président du Sénégal », a ajouté Sonko. « Nous n’avons jamais vu ce que nous avons vu ces derniers jours. Combien de dirigeants de l’opposition ont été arrêtés depuis son élection ? Combien de temps cela va-t-il durer ? Nous ne tolérerons plus cela. Ce qu’il a fait n’est rien d’autre qu’une trahison parce que les citoyens sénégalais ne l’ont pas choisi pour utiliser les ressources du pays pour comploter contre ses adversaires. Lorsqu’il a été élu, il a juré de respecter la constitution. Il n’a pas respecté la constitution en faisant ce qu’il a fait. « 

Ousmane Sonko ne s’est pas contenté de s’adresser à son opposant politique mais aussi à la jeunesse et à tous les citoyens sénégalais qui ont manifesté pendant 5 jours.

Sonko les a encouragés à ne pas se rendre au palais présidentiel pour essayer de pousser Macky Sall à démissionner, mais a déclaré que « si Macky Sall venait à démissionner seul, alors le pays devrait se préparer pour les élections anticipées ».

Et pour ceux qui appellent à un gouvernement d’unité nationale, Sonko a déclaré qu’il ne ferait partie d’aucun gouvernement comprenant Macky Sall qu’il considère comme un traître.

Pour Sonko, il est clair que « la révolution a déjà commencé et personne ne peut l’arrêter, même pas lui ». Mais Sonko a avisé les citoyens sénégalais de ne pas commettre les mêmes erreurs que les pays voisins comme le Mali en permettant à des forces extérieures de capitaliser sur leur révolution.

« Nous ne devons pas permettre que les choses arrivent au point où l’armée prendrait le relais, car d’autres forces extérieures s’impliqueront pour détourner le pays », a déclaré Sonko. « Si nous permettons à l’armée de prendre le relais, nous perdrons tout ce pour quoi nous nous sommes battus. »

Sonko n’a pas mis fin à la conférence de presse sans déclarer que les choses ne seraient plus jamais les mêmes et qu’à partir de maintenant, ils garderaient Macky Sall sur la bonne voie.

« Ce n’est pas quelque chose que nous demandons à Macky Sall de faire », a-t-il ajouté. « Nous l’exigeons. »

La liste des demandes comprend :

1 – L’indemnisation des familles des morts et des blessés, et une enquête indépendante pour savoir qui a tué qui?
2 – La libération de tous les prisonniers politiques injustement emprisonnés sans aucune condition
3 – Arrêt de la persécution et de l’espionnage des dirigeants politiques et des citoyens
4 – L’arrestation des personnes armées et engagées pour terroriser les citoyens sénégalais lors des manifestations ainsi que ceux qui les ont embauchés.
5 – La création d’un environnement favorable aux élections de 2024
6 – L’organisation d’élections locales en 2022
7 – La restitution à Khalifa Sall et Karim Wade de leurs droits civils
8 – Une déclaration publique de Macky Sall déclarant qu’il ne se présenterait pas pour un troisième mandat
9 – Une mobilisation pacifique pour poursuivre le combat pour la démocratie au Sénégal

Sonko a également lancé un appel à redéfinir la politique au Sénégal en en faisant un moyen de servir les citoyens et non soi-même.

Sonko a également exhorté, dans les 6 prochains mois, ses concitoyens sénégalais vivant en Casamance, dans le sud du Sénégal, à renoncer à leurs armes et à participer au déminage de la région.

Il a terminé la conférence de presse en soulignant qu’il ne fuyait pas la justice mais souhaitait que le processus et ses droits soient respectés. Il a déclaré être prêt pour le début du procès dès que possible.

Plus tard dans la soirée, Macky Sall s’est adressé à la nation pour la toute première depuis le début des manifestations 5 jours plus tôt, appelant au calme et à la sérénité, un appel que les citoyens sénégalais qui l’ont élu pensent être venu un peu trop tard.

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