Le chef de l’opposition sénégalaise Ousmane Sonko arrêté le 3 mars 2021

Le chef de l’opposition sénégalaise Ousmane Sonko a été arrêté le mercredi 3 mars 2021 alors qu’il se rendait au tribunal où il devait comparaître pour des allégations de viol.

 

Sonko, qui a été suivi par ses partisans, est accusé d’avoir troublé l’ordre public et d’avoir participé à une manifestation non autorisée.

Sur le chemin, Ousmane Sonko a tweeté:
«Ma voiture est bloquée depuis plus d’une heure par la gendarmerie commandée par le préfet de Dakar.
Ce préfet a été surpris entrain de dire qu’il vont décerner un mandat d’amener pour me cueillir de force.
Personne n’a le droit de me choisir un itinéraire.
J’ai fait constater par huissier en conséquence.
Je suis un citoyen libre de ses mouvements.
Je prends à témoin l’opinion nationale et internationale sur ces graves violations de nos droits. »

Sonko a tenu une conférence de presse la veille, affirmant que les accusations étaient fausses et exprimant ses inquiétudes quant à l’impartialité du système judiciaire sénégalais. Le membre de l’opposition pense qu’il s’agit d’un complot du président Macky Sall visant à ruiner sa réputation et à lui créer un casier judiciaire, de sorte qu’il ne sera pas éligible pour se présenter en 2024.

Le président Macky Sall, qui a refusé de s’adresser à la presse nationale au sujet des accusations de viol contre Sonko, a déclaré lors d’un entretien avec le média public français RFI, qu’il n’avait rien à voir avec cela et qu’il avait « suffisamment de choses à faire que de comploter pour des choses aussi basses».

Ousmane Sonko, qui a perdu son immunité parlementaire la semaine dernière, n’est pas le premier membre de l’opposition arrêté pendant le mandat du président Macky Sall. Karim Wade, le fils de l’ancien président Abdoulaye Wade, et Khalifa Sall ont tous deux été arrêtés et accusés de corruption.

Le 20 avril 2015, le Groupe de travail des Nations Unies sur la détention arbitraire avait qualifié la détention de Karim Wade d’arbitraire. Le groupe, « avait demandé au gouvernement du Sénégal de prendre les mesures nécessaires pour remédier à la situation et la mettre en conformité avec les normes internationales relatives aux droits de l’homme.» Karim Wade, arrêté le 18 avril 2013, avait été libéré le 24 juin 2016 suite à une grâce présidentielle.

Khalifa Sall, lui avait été élu maire en 2009 et avait remporté un autre mandat en 2014. En 2017, Sall avait aussi été élu député. Il fut arrêté en mars 2017, deux ans avant les élections présidentielles et libéré en 2019 après que le président Macky Sall, qui lui a accordé une grâce le 29 septembre 2019, a été réélu pour un second mandat.

«Au début, on disait que c’était une affaire privée, mais nous avons tous vu que ce n’est plus le cas, car chaque jour, les gens vont au tribunal et vaquent à leurs occupations», a déclaré l’ancien maire de Dakar, Khalifa Sall. «Si les choses avaient été faites comme elles étaient censées l’être, il n’y aurait pas eu de problème. Nous devons résister. Nous ne pouvons pas rester immobiles. Nous ne pouvons pas rester silencieux durant cette période. Si vous le faites, vous le regretterez. Si vous pensez que cela n’arrive qu’aux autres mais pas à vous, votre tour viendra. Pouvez-vous compter le nombre de dirigeants politiques qui n’ont pas été emprisonnés depuis 2012? Nous devons nous lever pour défendre notre démocratie. Nous devons nous lever pour défendre notre pays. Nous devons nous lever pour nous assurer que les droits de notre jeune frère ne seront pas violés. »

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